Partagez-vous l'avis négatif des acteurs, notamment lucratifs, sur le tarif plancher de 23,50 euros en 2024 pour les services à domicile [1] ?
Hugues Vidor. C'est une transition. Tout comme le taux maximal d'évolution des prix (5,95 %) [2]. Premier pas pour permettre aux services de répercuter une hausse de l'inflation, sans être trop lourd sur l'accès à la prestation. Bien sûr, nous aurions préféré 24 euros, mais ce plancher permet de revaloriser la tarification a minima partout, sans grandes disparités. Qui paye ? La Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie en finançant les départements « mauvais payeurs ». Cela ne peut être qu'une phase d'alternance avant une réforme profonde de la dotation globale. Il faut construire dès 2024 ce système pour une révision en 2025, et non une expérimentation jusqu'en 2027 qui n'aurait pas de sens.
En quoi l'agrément de l'avenant 61 surnles bas salaires [3] est-il aussi une étape ?
H. V. Notre philosophie était de marquer la nécessité de revaloriser les rémunérations en dessous du Smic en anticipant la hausse de l'inflation, avant la conférence sociale. Nous avons bien conscience que ce n'est pas suffisant devant l'attente forte des salariés. Nous avons fait les choses de manière raisonnable pour ne pas mettre au pied du mur État et départements. Si les avenants ne sont pas agréés ou étendus, cela ne marche pas. Nous avons alerté les pouvoirs publics sur la nécessité de revoir la politique salariale de la branche. Il va falloir y associer les collectivités, sans être dans la rétroactivité, pour éviter les blocages.
Qu'attendez-vous du gouvernement Attal ?
H. V. Nous avions une ligne bien tracée : à court terme la proposition de loi Bien vieillir puis la loi Grand âge. Nous espérons que la nouvelle ministre, au large périmètre, sera épaulée afin de poursuivre les travaux engagés et incarner de vraies politiques de solidarité. Il y a urgence sociale. Les difficultés des structures n'ont pas été résorbées par le fonds d'urgence. Dans ce contexte, il faudra voir dans six mois comment se mettront en place les neuf heures de lien social mensuelles [4]. Face aux tensions RH et le reste à charge pour le bénéficiaire, nous craignons une faible consommation de la prestation.
[1] Décret n° 2024-2 du 2 janvier 2024
[2] Arrêté du 26 décembre 2023
[3] Arrêté du 28 décembre 2023
[4] Décret n° 2023-1431 du 30 décembre 2023
Propos recueillis par Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 227 - février 2024