Difficile pour les acteurs de comprendre le cap donné par le projet de loi de finances (PLF) pour 2025. D’un côté, des ambitions affichées et de l’autre des moyens au mieux sanctuarisés, au pire élagués pour résorber le déficit. Et la démonstration vaut pour presque tous les sujets. Celui de l’emploi, où le nombre de places financées dans l’insertion par l’activité économique et les entreprises adaptées est maintenu « mais sur la base d’une enveloppe réduite cet été par les coupes budgétaires », relève Emmanuel Bougras, responsable du service Stratégie de la Fédération des acteurs de la solidarité. Et, si l’expérimentation des territoires de lutte contre le chômage de longue durée est préservée, celle des emplois francs s’achève, quand « la baisse des crédits de Bercy consacrés à l’économie sociale et solidaire (ESS) prend la forme d’une humiliation par son ampleur (- 25 %) », alerte France ESS.
Et le Ségur ?
Pour l’hébergement des demandeurs d’asile, le Gouvernement affiche 1,4 milliard d’euros de crédits « tout en actant la fermeture de plus de 6 000 places », poursuit Emmanuel Bougras. S’il salue la création de 30 000 places en intermédiation locative, de 10 000 en pensions de famille sur 2023-2027 et la stabilisation du parc d’hébergement d’urgence à 203 000 places, le conseiller pointe un trou la raquette : « 74 millions d’euros en moins alors qu’en 2024, il manquait déjà 100 millions. D’où la demande d’une loi de finances rectificative. »
Le flou domine enfin dans la protection de l’enfance malgré les 50 millions d’euros pour l’accompagnement des jeunes majeurs. « Où est le 1,5 milliard nécessaire à la révision des taux d’encadrement ?, interroge Jeanne Cornaille, déléguée du groupe national Gepso. Et les crédits pour financer le Ségur ? »
« Sans ces moyens pour les revalorisations dans tous les champs concernés, ce budget deviendrait une façade », juge Emmanuel Bougras.
Aucun doute, en revanche, sur la hausse des crédits du Pacte des solidarités, liée à la contractualisation avec les métropoles et la préfiguration de l’Institut national du travail social.
Mais c’est sans compter l’attaque sur les finances des collectivités, qui aura forcément un impact sur le secteur, alertent de concert les acteurs, l’Union nationale des centres communaux d’action sociale en tête : « Parce que nous en connaissons les conséquences directes [...] sur les Français les plus fragiles, nous ne pouvons l’accepter. »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 235 - novembre 2024