« La situation financière de la branche Autonomie est inquiétante », selon Marc Bourquin (FHF).
À première vue, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 esquisse des perspectives. L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) affiche + 2,8 % (+ 3,3 % pour le handicap ; + 6 % pour le grand âge). « Ce n’est pas rien. On note une volonté de poursuivre les engagements pris », salue Marc Bourquin, conseiller Stratégie de la Fédération hospitalière de France. Parmi les priorités ? La stratégie sur les soins palliatifs (100 millions d’euros), l’offre de santé mentale et de répit aux aidants, les 50 000 solutions dans le handicap (270 millions), la limitation des rémunérations des intérimaires non médicaux (infirmiers, aides-soignants) dans le public... Et les Ehpad, pourtant oubliés du discours de politique générale.
Alerte sur le grand âge...
Leur sont promis les financements nécessaires au recrutement de 6 500 professionnels et à l’expérimentation dans vingt-trois départements de la fusion des sections soins et dépendance, financées par l’agence régionale de santé. Dans le prolongement du plan d’investissement du Ségur, 140 millions sont réservés au développement de l’habitat intermédiaire et à l’appui aux transitions écologiques. Le soutien au virage domiciliaire se traduit notamment par une enveloppe de 100 millions d'euros pour la mobilité et le travail partenarial des personnels. La mobilisation à l’unisson du secteur fin septembre aurait-elle été entendue ? Non, ont répondu unanimement les organisations dénonçant un investissement inconséquent au regard de l’inflation et des perspectives démographiques. « Nous avons besoin de 400 000 professionnels recrutés et formés d'ici à 2030 ! », rappelle Jeanne Cornaille, déléguée nationale du groupe d’établissements publics Gepso.
... et la branche Autonomie
Plus globalement, la pénibilité des emplois est jugée « négligée » et le manque de précisions sur le financement des revalorisations ou de la convention collective unique étendue ne fait que rajouter de l’incertitude, pour l’organisation patronale Nexem.
« Ce qui m’inquiète surtout, c’est la dégradation spectaculaire de la situation de la branche Autonomie dont on annonce un déficit dès 2025 », surenchérit Marc Bourquin. D’autant plus que le taux de l’Ondam intègre la compensation aux structures de la hausse des cotisations à la caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales. « Enfin... uniquement sur la partie financée sur le forfait soins, nuance le conseiller. Qui va croire que les collectivités compenseront sur la partie dépendance et hébergement ? Il s’agit d’une hausse annuelle de quatre à cinq points jusqu’en 2027 ! »
Et de rappeler la nécessité d’une loi de programmation pour acter les ambitions pour le grand âge et celle de poser la question des recettes de la branche. « Quelle que soit la piste – un nouveau jour de solidarité, l’appel à une assurance ou à la mobilisation du patrimoine –, on ne peut plus faire l’économie du sujet. »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 235 - novembre 2024