Faut-il migrer vers le cloud computing ? Aujourd’hui, pratiquement toutes les applications sont accessibles via cette technologie. Le terme (qui se traduit par « l’informatique dans les nuages », c’est-à-dire dématérialisée) consiste à déplacer, sur des serveurs distants, des services habituellement hébergés sur des serveurs locaux ou sur les ordinateurs des utilisateurs. Vous pouvez ainsi disposer des logiciels de bureautique, de comptabilité… Sans oublier toutes les solutions collaboratives qui permettent de gérer les messageries professionnelles, les agendas, l’édition de documents, voire même la conception et l’hébergement de sites. Cette approche novatrice de la consommation des ressources informatiques s’appuie sur un nouveau modèle économique.
Avec le cloud, vous ne payez que ce que vous consommez, en fonction du nombre d’utilisateurs, de la mémoire ou de l’espace disque utilisé. À titre d’exemple, les abonnements Basic et Business de G Suite de Google sont facturés 4 euros (30 Go de cloud) et 8 euros (stockage illimité) par personne et par mois. Ainsi, le cloud génère le plus souvent des réductions de coûts grâce aux économies d’échelle réalisées par les prestataires. Sur le segment du travail collaboratif, G Suite de Google et Microsoft Office 365 se taillent la part du lion. Amazon propose aussi Amazon Web Services, des services informatiques distants en matière de calcul, de base de données ou de réseau très prisés par les développeurs. Les hébergeurs, comme Orange ou OVH, se mettent à commercialiser leurs offres intégrant des solutions applicatives en abonnement, comme la suite Office 365.
Les atouts de l’externalisation
Principal avantage ? Les services sont en permanence accessibles sur Internet. Et comme de plus en plus d’applications commencent à être déployées sur les smartphones et les tablettes, vous pouvez vous connecter partout, à la maison, dans le train, pendant une réunion… Première vertu du cloud computing pour l’employeur : la possibilité d’externaliser la gestion des ressources informatiques. Les petites organisations peuvent s’offrir des logiciels qui ne leur étaient pas accessibles auparavant. Tous ces arguments font qu’aujourd’hui, elles devraient s’interroger sur le passage en mode cloud.
Yves Rivoal, avec Pascal Nguyên
Avis d’expert
Garance Mathias, avocate au Barreau de Paris
« La nature même du cloud computing soulève des enjeux juridiques. Le fait que les données soient hébergées dans des espaces dématérialisés, dont il est possible d’ignorer la localisation, pose notamment la question de la loi applicable aux contrats de prestations. Si le gestionnaire souscrit à une plate-forme américaine, la juridiction compétente et la loi applicable pourraient être américaines. Les contrats de droit dans ce pays peuvent parfois comporter des engagements de responsabilité très faibles qui n’ont rien à voir avec ce que l’on peut connaître en France. Concernant les données personnelles, certains pays, dont les États-Unis, n’offrent pas un niveau de protection adéquat au sens de la réglementation européenne. Afin que le gestionnaire soit autorisé à transférer des données personnelles, le prestataire doit fournir une garantie appropriée. Des clauses contractuelles types mises à disposition par la Commission européenne peuvent ainsi être signées. Enfin, contrairement aux idées reçues, il est tout à fait possible de négocier un contrat cloud, y compris en ce qui concerne la loi applicable, même avec des Gafa [1]. »
[1] Google, Apple, Facebook et Amazon
Publié dans le magazine Direction[s] N° 169 - avril 2012