"Le handicap est pour moi une priorité. » Tel était l'engagement pris par le président de la République lors de la première conférence nationale du handicap en juin 2008. Une promesse renouvelée lors de sa rencontre, le 13 septembre dernier, avec le comité d'entente regroupant 66associations représentatives du handicap. Pourtant, le secteur ne cache pas son scepticisme... Alors que l'Élysée réitère son intention de créer, en cinq ans, 50 000 nouvelles places d'accueil dans les établissements et services, la Fédération nationale des associations de parents et amis employeurs et gestionnaires d’établissements et services pour personnes handicapées mentales (Fegapei) dénonce un décalage entre le discours et la réalité. « Le plan prévisionnel de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie sur 2008-2012 n'indique que 41 450 places. Les estimations actuelles sont de 11 350 places installées au 31 décembre 2010. Or, certaines agences régionales de santé ont annoncé que faute de crédits, des places qui devaient être financées à partir du 1er juin ne le seront qu'à partir du 1er novembre voire du 1er décembre. Ce qui signifie qu'il faudra surement revoir ce chiffre à la baisse », contredit Philippe Calmette, directeur général de la Fegapei.
Déficit de qualité
« Nicolas Sarkozy n'a apporté aucune réponse aux inquiétudes pesant sur l'évolution des budgets des établissements et services médico‐sociaux, ce qui menace la qualité de l'accueil et de l'accompagnement », regrette l'Unapei (Union nationale des APEI). Pour laFédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés non lucratifs, la préparation de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2011 doit « comporter des mesures préalables de rétablissement des enveloppes médico-sociales manquantes en 2010, soit 50 millions d'euros environ pour les personnes handicapées ». Le président de la République ne semble pas avoir convaincu non plus avec son objectif de 200 000 enfants handicapés scolarisés d'ici 2012. À l'instar de l'Unapei – qui a finalement signé avec le ministère de l'Éducation nationale la convention-cadre de reprise des auxiliaires de vie scolaire –, l'ensemble des acteurs déplore le déficit de qualité de la scolarisation en milieu ordinaire comme en milieu spécialisé. « À quelques semaines de la mise en place d'un nouveau gouvernement, nous espérons un ministère fort sur le handicap », appelle de ses vœux l'Association des paralysés de France. Un signe suffisant pour renouer la confiance ?
Nadia Graradji
Publié dans le magazine Direction[s] N° 78 - novembre 2010