Les températures descendent et la tension monte entre le secteur de l'hébergement et l'État. L'année 2010 s'est achevé sur une polémique autour des consignes de certaines préfectures visant à exclure les personnes sans papiers des dispositifs d'accueil d'urgence. « Durant les périodes de grand froid, aucune demande de mise à l'abri ne doit être refusée par manque de places », a prévenu le Premier ministre dans une circulaire. Vive réaction de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars) qui rappelle que le principe de l'accueil inconditionnel ne se réduit pas au Plan hivernal, mais s'applique « à tout moment », selon le Code de l'action sociale et des familles.
Logique de résultats
De son côté, l'Association nationale des assistants de service social (Anas) alerte sur la multiplication « des pratiques excluantes et des dérives » qui touchent tous les publics dans les centres d'hébergement. « La logique de résultats pour justifier leurs subventions impacte sur le sens du travail social », s'inquiète Laurent Puech, vice-président de l'Anas. Un constat partagé par Matthieu Angotti, directeur général adjoint de la Fnars. « Les structures doivent prendre en charge des publics toujours plus nombreux sans reconduction de leurs moyens et tout répondant à des critères de performance », explique-t-il. Fin décembre, une décision du Conseil d'État suggérant d'héberger des demandeurs d'asile sous des tentes a ravivé l'indignation des associations. « Cela va à contre-sens de l'hébergement humanisé, de la politique du logement d'abord », critique Matthieu Angotti. Enfin, alors que le comité de suivi de la mise en œuvre du droit au logement opposable (Dalo) a rendu un quatrième rapport très critique, la Justice a, pour la première fois, condamné l'État à indemniser deux familles prioritaires non relogées.
Nadia Graradji
Publié dans le magazine Direction[s] N° 81 - février 2011