Benoist Apparu aux assises du Logement d'abord, le 9 décembre 2011
« De la théorie à la pratique. » Tel était en substance le message porté par le secrétaire d’État au Logement, Benoist Apparu, lors des assises nationales du Logement d’abord, le 9 décembre dernier. « Après deux mois de concertation interrégionale, nous sommes déçus mais pas surpris, commente Matthieu Angotti, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). À moins d’un an de l’échéance de la stratégie nationale pour les personnes sans-abri, la refondation (1) du dispositif d’accueil, d’hébergement et d’insertion est au point mort. Et la consultation des dernières semaines n’a abouti à rien. » Un constat partagé par Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre pour qui « tout reste à faire ».
Pour l’Assemblée des départements de France, ces assises ne constituent qu’un point de départ. Répondant aux craintes des conseils généraux d’un nouveau transfert de charges, le secrétaire d’État a assuré que les services d’accompagnement dans le logement seront bien financés par l’État, avec le statut de centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). En la matière, il a d’ailleurs annoncé « un niveau record de 116 000 places, soit 27 % de plus qu’en 2007 ». Insuffisant, assène la Cour des comptes (2) qui estime que les besoins d’hébergement restent importants alors que la demande ne cesse de croître.
L’État hors la loi
La Cour ajoute : « Il serait inopportun de maintenir le gel de la capacité d’accueil, en particulier dans les zones les plus tendues. » Une analyse confirmée par l’Observatoire national du 115 (3), contraint de refuser de nombreuses demandes. Ainsi que par le Comité de suivi du droit au logement opposable (Dalo) selon lequel les recours se multiplient en matière d’hébergement (4). Sa conclusion ? « L’État est davantage hors la loi qu’il y a un an. »
Selon Benoist Apparu, l’amélioration du dispositif du logement d’abord nécessite une meilleure coopération des services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) avec les associations d’insertion notamment. Les services doivent « s’impliquer davantage dans l’aide à l’accès au logement [et] dépasser l’orientation vers l’hébergement d’urgence ou d’insertion », a-t-il ajouté. Prochaine étape : une réunion, prévue le 4 janvier, dans chaque territoire pilote retenu en octobre dernier afin de fixer les feuilles de route des acteurs locaux.
(1) Lire Direction(s) n° 89, p. 4
(2) Rapport de la Cour des comptes sur la politique d'hébergement des personnes sans domicile (janvier 2012)
(3) 1er rapport de l'Observatoire national du 115, 2011
(4) 5e rapport annuel du Comité de suivi de la mise en œuvre du droit au logement opposable, novembre 2011
Julian Breuil
Publié dans le magazine Direction[s] N° 92 - février 2012