Bis repetita. Pour la seconde année consécutive, le conseil de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) a clôturé ses comptes sur un déficit. Pour 2010, il s’élève à 291,6 millions d’euros (474 millions d’euros en 2009). Un déficit totalement compensé par ses fonds propres. Le budget (19,157 milliards d’euros) a été adopté malgré l’opposition des 31 organisations représentant les usagers (GR 31) et des syndicats de salariés (en raison des 100 millions d’euros restitués à l’assurance maladie). Le conseil a également ratifié un fonds de soutien de 75 millions d’euros aux départements en difficulté, prélevé sur les réserves de la Caisse.
Quant au budget rectificatif pour 2011, il a été approuvé dans les mêmes conditions. La proposition du GR 31 et des syndicats d’utiliser 62 millions d’euros, issus des réserves, pour soutenir les dépenses liées à la médicalisation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), a été tout bonnement rejetée… En revanche, leur vœu (restituer 100 millions d’euros pour alimenter un plan d’urgence pour l’aide à domicile et la médicalisation des Ehpad) a fait l’unanimité. Sera-t-il suivi d’effets ?
En plein débat sur la dépendance, douze organisations du secteur déplorent les tours de passe-passe financiers entre l’État, la CNSA et l’assurance maladie au détriment des personnes âgées. « En 2011, il n’y a pas de crédits nouveaux pour les personnes âgées dans les caisses de la CNSA ! », dénonce Pascal Champ-vert, président de l’association de directeurs AD-PA. Didier Sapy, directeur de la Fédération nationale avenir et qualité des personnes âgées (Fnaqpa), renchérit : « Cela confirme l’impossibilité de tenir les promesses du plan Solidarité grand âge, alors que plus de 1 600 conventions tripartites, arrivées à échéance, n’ont pas été reconduites. »
L’aide à domicile en colère
Le collectif des 16 de l’aide à domicile (1), qui tire la sonnette d’alarme depuis deux ans, voit
rouge. « Alors que la suppression des exonérations Fillon entraîne déjà des disparitions d’emplois, le gouvernement officialise la fin des excédents à la CNSA », note Emmanuel Verny, directeur général de l’union de l’aide à domicile UNA. Selon Hugues Vidor, directeur général de la fédération nationale Adessa à domicile, « même un fonds d’urgence de 50 millions ne suffira pas. Le double est a minima nécessaire. » Seule alternative : la motion votée au conseil appelant les pouvoirs publics à corriger le tir lors de la prochaine loi de finances rectificative.
(1) Adessa à domicile, ADMR, AD-PA, Aînés ruraux, APF, CFPSAA, Croix-Rouge française, Familles rurales, FNAAFP-CSF, Fnadepa, Fnapaef, Fnaqpa, Mutualité française, UNA, Unccas, Uniopss.
Julian Breuil
Publié dans le magazine Direction[s] N° 85 - juin 2011