Les symptômes d'une crise aiguë dans le secteur de l'hébergement d'urgence se sont multipliés cet été. En cause : les réductions budgétaires occasionnant fermetures de structures et licenciements. L'annonce ministérielle de la suppression de 4 500 places d'hôtel, transformées en autant de places en logements intermédiés, a définitivement mis le feu aux poudres. « Le gouvernement met là la charrue avant les bœufs », déplore Nicole Maestracci, présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars). À la Croix-Rouge française, on prévient : « Le transfert des crédits de l'urgence sociale vers le logement crée de fortes tensions. » Et du côté de la CGT, c'est d'abord la véracité des chiffres que l'on conteste : « En réalité, […] seuls 1600 logements sont en cours de réalisation. »
Priorité gouvernementale ?
Le collectif des associations unies plaide en faveur de moyens financiers suffisants pour faire face à la crise. L'hébergement d'urgence et l'aide aux personnes en très grande difficulté sociale constituent « une priorité gouvernementale », assure la ministre du Budget, Valérie Pécresse : « [Nos efforts se sont] traduits au cours du quinquennat par une progression de 39 % de la dotation budgétaire de ces dispositifs. » Soit 25 000 places d'hébergement supplémentaires depuis 2007, chiffre le ministère.
Au-delà, c'est l'ensemble du chantier de refondation du dispositif d'hébergement, et sa logique du « logement d'abord », qui sont remis en cause. « La réforme se soldera par un échec si l'État ne suit que des considération financières », prédit la Fnars. Pour l'heure, c'est du côté de Matignon que les regards se tournent : François Fillon rencontrera les associations à la rentrée.
Julian Breuil
Publié dans le magazine Direction[s] N° 88 - octobre 2011