Changement d’ambiance après la satisfaction élyséenne exprimée lors de l’anniversaire du plan Alzheimer, le 1er février dernier. « Depuis 2008, nous avons mené un travail exemplaire », se réjouissait alors le chef de l’État. Trois mois plus tard, les acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme à la lecture des derniers bilans du comité de suivi. « Seuls 30 % du budget prévu ont été dépensés », s’inquiète l’association France Alzheimer. Et d’égrener les chiffres : « Entre 2008 et 2011, 536 millions d’euros (sur 1,2 milliard d’euros budgétés) ont été engagés, dont 370 millions réellement dépensés. Difficile de croire que le solde sera écoulé d’ici à la fin de l’année. »
Un ou deux ans supplémentaires
Premières victimes de ce retard ? Les mesures du volet médico-social, dont le « déploiement devrait nécessiter une ou deux années supplémentaires », reconnaissait dès février l’Élysée. Et plus particulièrement, le programme de développement et de diversification des structures de répit. Pour preuve : l’objectif initial du plan en matière d’accueils de jour (fixé à 2 125 créations annuelles) a été revu à la baisse pour 2011 et 2012 (1 200 nouvelles places par an), rappelle France Alzheimer. En cause, selon les pouvoirs publics ? La grande hétérogénéité des situations régionales et la difficulté à trouver des porteurs de projets. Pas étonnant, décrypte Alain Villez, conseiller technique à l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss). « Si les programmes accusent de tels retards, c’est notamment en raison des aspects tarifaires loin d’être à la hauteur des enjeux. » Le message aura-t-il été entendu ? Pour l’heure, France Alzheimer, entend maintenir la pression. Pour que 2012 ne soit pas une « année perdue » au milieu des promesses électorales.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 96 - juin 2012