Environ 205 millions d’euros sur la période 2013-2017 : le troisième plan Autisme est « ambitieux », selon la ministre chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti. « Elle a dû se battre pour obtenir ces ressources dans un tel contexte, souligne Christel Prado, présidente de l’union d’associations Unapei. Mais les moyens restent en deçà des besoins. » Pour les cinq prochaines années, l’effort devrait surtout porter sur le diagnostic précoce et l’accompagnement des plus jeunes, via notamment la création de 300 places « petite enfance » en services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad). Dont la mission plus classique d’inclusion scolaire est également valorisée (550 nouvelles places). Pour participer au réseau de dépistage, les centres d’action médico-sociale précoce (Camsp) et les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) devraient voir leurs équipes renforcées à hauteur de 350 postes au total.
Et les adultes ?
« Je comprends l’objectif poursuivi : ne pas sacrifier de nouvelles générations. Mais cela se fait au détriment des adultes, c’est le grand désastre de ce plan », regrette néanmoins Christel Prado. À leur égard, 500 places en maisons d’accueil spécialisées (MAS) seraient créées et 850 en foyers d’accueil médicalisé (FAM). Mais seulement 150 en services d’accompagnement médico-social pour personnes handicapées (Samsah). « Insuffisant » pour Danièle Langloys, présidente d’Autisme France : « La grande majorité des personnes autistes n’ont pas de retard mental et n’ont rien à faire en MAS ou en FAM. Le plan précédent prévoyait des mesures relatives à l’accompagnement social, à l’accès au logement, mais elles n’ont pas été mises en œuvre. » Au total, les pouvoirs publics tablent donc sur 2700 places nouvelles dans le secteur, sachant qu’il en reste à peu près autant à créer en application du plan 2008-2012. En outre, 100 unités d’enseignements spécifiques doivent être installées en maternelles.
Transformer l’existant
Le gouvernement entend aussi infléchir les pratiques des structures existantes, en faveur des approches éducatives et comportementales, encouragées par l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) et la Haute Autorité de santé (HAS). Des financements supplémentaires et/ou des renforts en personnels (823 postes programmés) pourraient être accordés aux structures spécialisées s’engageant dans ce sens. La formation continue des professionnels (800 dès 2013) est aussi à l’ordre du jour. Mais la tâche semble ardue : « C’est 40 ans d’incurie qu’il faut rattraper, pointe Danièle Langloys.
[1] « Autisme et autres troubles envahissants du développement : interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez l’enfant et l’adolescent », recommandations de l’HAS et de l’Anesm, mars 2012, à télécharger sur www.anesm.sante.gouv.fr
Aurélia Descamps
Vers un nouveau schéma sur les handicaps rares
Le comité de suivi du schéma national d’organisation sociale et médico-sociale relatif auxhandicaps rares 2009-2013 s’est réuni, le 30 avril, pour un point d’étape. Les mesures de soutien à la recherche et de formalisation des savoirs font l’objet d’un bilan plutôt positif de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Tandis que les efforts doivent être poursuivis pour la formation continue des professionnels et la connaissance des besoins. Les appels à candidatures pour identifier des équipes relais sur les territoires doivent être lancés fin 2013 et 23,6 millions d’euros seront encore consacrés à des structures d’accompagnement spécialisées. Marie-Arlette Carlotti a chargé la CNSA de formuler, avec les associations du secteur notamment, des propositions en préparation du prochain schéma en 2014. Tout en évoquant déjà quelques pistes : poursuite de la stratégie de communication, vieillissement des personnes handicapées ou encore consolidation du repérage précoce.
Publié dans le magazine Direction[s] N° 109 - juillet 2013