Ségolène Neuville lors de la remise du plan d’action en faveur du travail social le 22 octobre © Min. Aff. sociales
Il devait marquer à la fois l’aboutissement des états généraux et le prélude à une réelle revalorisation de l’action des professionnels. Pourtant, si le plan d’action en faveur du travail et du développement social, présenté le 21 octobre, a été salué par nombre d’acteurs, il n'est pas sans poser question. Certes, « il y a une ambition et un portage politique forts », pointe Diane Bossière, directrice générale de l'Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale (Unaforis)… qui à l'heure de la diffusion des 26 mesures déplorait cependant « des silences et des ambiguïtés ».
Réingénierie des diplômes
Parmi les axes majeurs ? La modernisation de l’appareil de formation. Dans la lignée du rapport de la députée Brigitte Bourguignon, la réingénierie des diplômes s’articulera autour d’un socle commun de compétences. Dès 2016, la commission professionnelle consultative (CPC) aura pour mandat de « définir le point d’équilibre » entre ce corpus partagé et les modules spécialisés. « Même si l'important était de ne pas rester au milieu du gué, des questions demeurent, notamment sur la place de l’université dans le dispositif, relève Manuel Pélissié, vice-président de la commission (collège employeurs). Il ne faut pas non plus perdre de vue l’optique d’une réarchitecture globale ne laissant aucun niveau de côté » [1].
En outre, les modalités de délivrance des diplômes d’État seront revues sur la base d’un cahier des charges établi en lien avec les conseils régionaux. La labellisation des établissements de formation en travail social doit débuter en 2018 : ceux qui, d’ici à 2020, ne répondraient pas aux critères définis ne seront plus agréés. Une temporalité qui interroge. « Ce calendrier relativement long amoindrit la lisibilité du plan pourtant ambitieux », estime Manuel Pélissié.
La reconnaissance des diplômes de niveau III au niveau licence a également été affirmée. Un préalable à une revalorisation des travailleurs sociaux publics en catégorie A à compter de 2018 [2]. « C'est un signal important, juge Diane Bossière. Même si le prisme très “public” du plan est aussi l’une de ses limites. »
Autre question épineuse, celle des stages. « Nous aurions par exemple souhaité que soit proposée une remise à plat des enjeux en matière d’alternance intégrative, en lien avec les employeurs », reprend la directrice générale de l'Unaforis. Hormis le développement de projets de groupes interprofessionnels, il est prévu d’élargir la notion de sites qualifiants, qui pourraient être inter ou pluri institutionnels. « Nous veillerons à ce que l’application aille réellement dans le sens d’une innovation des modes de professionnalisation », poursuit Diane Bossière.
Recentrage sur la participation
L’amélioration de l’accompagnement et de la participation des usagers figure aussi au rang des priorités. Leur intervention dans la formation initiale et continue des professionnels est ainsi promue. Inspirée de dispositifs existants (comme les méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie - Maia), la création d’un « référent de parcours » devrait permettre de coordonner les prises en charge des personnes. « Ce recentrage est bienvenu, mais au-delà il n'y a pas de moyens consacrés à la mise en œuvre du plan », pointe toutefois Thierry Couvert-Leroy, directeur de l’animation à l'Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss).
[1] Lire Direction[s] n° 134, p. 8
[2] Disposition déjà intégrée à l'accord « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR)
Justine Canonne
Publié dans le magazine Direction[s] N° 137 - décembre 2015