Ségolène Neuville au Comité national Autisme le 16 avril dernier
Encourageantes ? Insuffisantes ? Les orientations annoncées par la secrétaire d’État Ségolène Neuville au Comité national Autisme le 16 avril dernier, à l’occasion du bilan d’étape du plan 2013-2017, ne font l’unanimité… ni pour ni contre elles. Afin de renforcer l’effectivité de la recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) de mars 2012, le gouvernement mise sur l’amélioration de la formation dans les champs sanitaire, social et médico-social. Avec, dans le cadre du développement professionnel continue (DPC) des soignants, le lancement en septembre prochain d’un appel d’offres « Autisme » pour désigner des organismes de formation en cohérence avec la recommandation. La sélection sera rendue publique au plus tard en mars 2016. « Revoir la seule formation continue des soignants ne suffit pas, il faudrait aussi refondre le cursus initial », soulève Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.
Selon Vaincre l’autisme, qui a claqué la porte du Comité l’an dernier, ces annonces ne constituent qu’« une lettre d’engourdissement ». « Cela ne résout en rien le problème majeur de la formation des professionnels, totalement en inadéquation avec les connaissances scientifiques actualisées sur l’autisme », insiste son président M’Hammed Sajidi.
Un message fort ?
Concernant les intervenants sociaux, c’est à la formation initiale qu’entend s’attaquer la secrétaire d’État, via un audit des contenus pédagogiques des instituts régionaux du travail social (IRTS), organisé notamment par les agences régionales de santé (ARS). À l'issue duquel les organismes devront, si nécessaire, conduire un plan d’actions pour réorienter leurs programmes. « Il s’agit certes d’un geste fort, mais concrètement qui, au sein de l’administration, va mener ces audits ? avec quelles compétences et quels moyens ? », interroge Danièle Langloys.
En vue d'inciter à l'application de la recommandation de 2012, deux outils seront destinés aux structures médico-sociales volontaires : un « label qualité autisme », dont les associations doivent proposer un cahier des charges au ministère, ainsi que l’inscription dans les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) de critères de qualité et de mise en œuvre des actions recommandées par la HAS et l'Anesm. « Des orientations qui vont dans le bon sens », salue Thierry Nouvel, directeur général de l’union des associations Unapei.
En outre, une concertation avec les associations sur l’amélioration du financement des interventions réalisées en libéral ou par l’aide à domicile sera également ouverte. « Une annonce sans calendrier, souligne Danièle Langloys, alors que la situation des familles devient dramatique. » « Un début, nuance Thierry Nouvel. Il faut s’assurer d’un cadre en vue de fixer des règles de prise en charge. »
Un bilan décevant
Enfin, sur le plan de la scolarisation, des modules spécifiques seront adressés aux futurs enseignants et une formation ad hoc sera dispensée à tout accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) auprès d’un enfant avec autisme. « Ces mesures sont timides, alors que le récent bilan [1] portant sur les unités d’enseignement est consternant, l'Éducation nationale et le médico-social continuant de s’ignorer », pointe Thierry Nouvel. Des unités, dans le giron médico-social, dont le déploiement va se poursuivre à la rentrée. Mais que Vaincre l'autisme [2] souhaite voir rattachées à l'Éducation nationale afin de favoriser le milieu ordinaire. Le Conseil d'État doit se prononcer au mois de mai.
[1] « Les unités d’enseignement dans les établissements médico-sociaux et de santé », rapport Igas-Igen-IGAENR, décembre 2014.
[2] Recours deposé contre l’instruction du 13 février 2014 relative au déploiement du 3e plan Autisme.
Justine Canonne
Publié dans le magazine Direction[s] N° 131 - mai 2015