Il n’y aura plus de dispositif de prise en charge sur la lande de Calais afin de ne pas en faire un point de fixation. Confirmée le 30 janvier lors du 4e comité de suivi consacré aux suites du démantèlement, l’annonce passe mal dans le camp associatif. « Après la période d’accalmie qui a succédé à l’évacuation, de nombreuses personnes, en particulier des mineurs et des femmes seules avec de jeunes enfants, continuent à arriver sur place, atteste Marion Lignac, chargée de mission Réfugiés et migrants à la Fédération des acteurs de la solidarité. Or, non seulement aucune réponse ne leur est apportée, mais en plus elles sont pourchassées par les forces de l’ordre. Les associations réclamaient pourtant une prise en charge de leur détresse, quitte à les orienter ensuite vers les dispositifs adéquats. » Une position en partie confortée par les préconisations de la mission ad hoc [1], qui suggère notamment la création de trois structures de mise à l’abri légères dans le Calaisis, adossées à un centre régional de transit localisé dans les Hauts-de-France.
Capacités supplémentaires
En revanche, le gouvernement a annoncé le renforcement des capacités régionales d’hébergement, ainsi que l’ouverture « prochaine » dans le Pas-de-Calais d’un centre d’accueil pour adultes (CAO) et d’un autre pour mineurs (CAOMI). Un dernier dispositif « préoccupant » estime la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Qui plaide pour l’intégration rapide des 73 CAOMI existants dans le dispositif de droit commun de la protection de l’enfance et pour la mobilisation des moyens, notamment médico-sociaux, nécessaires à la protection des droits des enfants concernés [2]. « À Calais, comme à Paris, la réponse de l’État consiste à créer des structures spécifiques, déplore Marion Lignac. Mais le sujet ne peut être déconnecté de la question de fond : celle de la mise en œuvre de la réforme de l’asile, dont des pans entiers dysfonctionnent. »
[1] "Après le démantèlement du bidonville de Calais, quelles suites possibles ?", rapport de l'ONPES, octobre 2016.
[2] Une inquiétude partagée par le Défenseur des droits dans un avis du 7 février dernier.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 151 - mars 2017