Instauré par la loi du 13 avril 2016, le parcours de sortie de la prostitution est-il déjà menacé ? C’est en tout cas la crainte des associations chargées de le mettre en œuvre. En cause, l’annulation pour 2017 d’une partie des crédits destinés à l’aide financière à l’insertion sociale et professionnelle (Afis) [1] que doivent percevoir les bénéficiaires. En outre, « des consignes ont été envoyées aux services déconcentrés cet été pour faire remonter les crédits dédiés aux associations qui doivent accompagner les personnes dans ce parcours », explique Laura Slimani, chargée de mission Prostitution à la Fédération des acteurs de la solidarité. Qui, avec plusieurs autres organisations, a alerté le Premier ministre fin juillet. Sans réponse.
Des commissions en retard
De son côté, le cabinet de la secrétaire d’État Marlène Schiappa confirme qu’en 2017, seulement 1,3 million d’euros (contre le double prévu initialement) sera versé aux associations locales. Une diminution qui « résulte de l’installation progressive des commissions départementales de lutte contre la prostitution, qui examinent les demandes d'entrée dans le parcours, et du petit nombre de dossiers présentés », justifie le cabinet.
Ainsi à ce jour, ces commissions n'existent que dans onze départements (six autres devraient l’être avant fin 2017) et 25 associations ont été agréées sur toute la France. Seulement « 80 personnes devraient bénéficier du parcours d’ici la fin de l’année au lieu des 1000 prévues », précise-t-il [2].
Autre alerte : les préfets accorderont-ils les titres de séjour aux personnes étrangères qui sollicitent l’entrée dans ce parcours ?, s’interroge Patrick Hauvuy, directeur du pôle Prévention, hébergement et insertion de l’association Accompagnement, lieux d’accueil, carrefour éducatif et social (ALC). « La plupart d’entre elles sont en situation irrégulière et ce titre est la première marche pour les sortir de leur situation », précise-t-il.
[1] Décret n° 2017-1182 du 20 juillet 2017 et rapport
[2] Le 12 septembre, Marlène Schiappa a affirmé que son budget 2018 serait de près de 30 millions d’euros.
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 157 - octobre 2017