« On est enfin passé du déni à la reconnaissance de la situation, le ministère ayant admis la légitimité de nos revendications », note Jean Vignes, secrétaire fédéral de Sud santé sociaux. Moins suivie que celle du 30 janvier [1], la mobilisation qui a secoué le 15 mars les structures pour personnes âgées a néanmoins permis à l’intersyndicale et à l’association de directeurs AD-PA d’être reçues par la ministre Agnès Buzyn. L’occasion pour elle de répéter qu’en matière de ratio d’encadrement (à améliorer comme l’ont préconisé deux récents rapports parlementaires [2]), impossible de s’aligner sur les objectifs du plan Solidarité grand âge. « Sans être un casus belli, cette fin de non-recevoir est tout de même surprenante, souligne Yvan Le Guen, permanent national du Syncass-CFDT. Il va bien falloir se pencher sur l’indicateur le plus pertinent pour mesurer la qualité des prises en charge au lit des usagers. » Pour améliorer les conditions de travail, l’exécutif a tout de même indiqué poursuivre le chantier initié avec les branches et envisager une « réflexion d’ensemble sur la formation, la carrière et le référentiel de compétences des aides-soignantes ».
Vers une stratégie globale
Les effets négatifs de la réforme tarifaire seront temporairement neutralisés, a par ailleurs redit la ministre qui attend les propositions du médiateur Pierre Ricordeau, nommé fin janvier. Peut-être via l’instauration d’un clapet anti-retour pour les structures « perdantes », mais pas au détriment des autres établissements, a prévenu la fédération du secteur privé non lucratif Fehap. « Est-il normal que quand les départements flanchent, c’est à l’Etat de sortir son chéquier ? interroge Yvan Le Guen. Il est impératif de réussir une transition vers un nouveau système global, y compris en matière de financement. » Dont acte, notent les professionnels mobilisés, pourtant bien décidés à amplifier le rapport de forces social. « Pas question de renvoyer les mesures nécessaires aux calendes grecques, avertit Jean Vignes. Au Premier ministre de se saisir de la stratégie globale pour la prise en charge du vieillissement, promise pour la fin mars, afin de mettre en œuvre des moyens dans un calendrier serré. »
[1] Avec 22,5 % de taux de mobilisation.
[2] Rapports d’information n° 769 (Assemblée nationale) et n° 341 (Sénat), mars 2018
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 163 - avril 2018