Sylvain Mathieu, délégué interministériel de la Dihal
Quel bilan dressez-vous de la première année [1] de l'« hébergement citoyen » ?
Sylvain Mathieu. L’accueil de personnes chez des citoyens se pratique depuis longtemps, mais avec cet appel à projets c’était la première fois que nous mettions en place une relation tripartite, entre les accueillants, les associations chargées d’accompagner le bénéficiaire vers le droit commun, et l’État. Le bilan dressé pour les 480 premières personnes accueillies est largement positif. Comme nous nous y attendions, l’hébergement au sein d’une famille fonctionne comme un booster d’intégration sur tous les plans, de la maîtrise du français à la sortie vers un logement pérenne. Ainsi, 55 % des bénéficiaires sont en emploi, en études ou en formation : un résultat très satisfaisant que nous pouvons encore améliorer.
Comment les 12 associations retenues par l’appel à projets se sont-elles adaptées ?
S. M. Elles ont dû mettre en place de nouvelles pratiques, notamment d’« aller vers », qui correspondent aux évolutions que nous souhaitons voir se développer dans le travail social, comme ce que nous pratiquons déjà avec la politique du Logement d’abord. À savoir, penser la sortie dès l’entrée du bénéficiaire dans le dispositif, ne plus procéder étape par étape mais davantage en tenant compte du projet global de la personne, se rapprocher du secteur de l’insertion professionnelle…
Cette expérience sera-t-elle pérennisée ? Sous quelle forme ?
S. M. Oui, cette expérience, qui a été validée dans le cadre du dernier comité interministériel à l’intégration du 5 juin 2018 au titre de la mobilisation de la société, sera pérennisée. L’accueil citoyen est appelé à devenir une politique complémentaire des autres modes d’hébergement. C’est un dispositif gagnant-gagnant : les territoires ont tout intérêt à voir s’installer des personnes fortement désireuses de s’intégrer, et celles-ci ont tout intérêt à en bénéficier. Sans oublier que cette pratique peut changer le regard de la société sur les nouveaux arrivants.
Aujourd’hui, la seule difficulté est de trouver davantage de familles prêtes à s’engager. Les associations travaillent à ce repérage. Concernant d’éventuelles évolutions, nous réfléchissons au moyen de renforcer la prise en charge psychologique des réfugiés. Nous envisageons également de moduler l’enveloppe budgétaire [2] allouée aux associations chargées de l’accompagnement social selon son contenu.
[1] Printemps 2017-printemps 2018.
[2] Actuellement, l'association reçoit 1 500 euros par personne accompagnée.
Propos recueillis par Sophie Le Gall
Publié dans le magazine Direction[s] N° 168 - octobre 2018