Adrien Taquet © Ministère des Solidarités et de la Santé
Il aura fallu la diffusion, le 16 janvier, d’un documentaire « choc » mettant en lumière les dysfonctionnements de l’aide sociale à l’enfance (ASE) [1] pour accélérer les annonces du gouvernement en matière de protection de l’enfance. Plusieurs fois reportée, la Stratégie 2019-2022 sera finalement présentée en juin, après la concertation orchestrée par le nouveau secrétaire d’État Adrien Taquet.
Trois axes figurent au menu de la feuille de route de ce chantier portant « sur l’enfance dans toutes ses dimensions ». Premier d’entre eux, la lutte contre les violences passera notamment par la définition d’un protocole de signalement des informations préoccupantes. Deuxième sujet, la prévention de la maltraitance vise le soutien accru aux futurs et aux jeunes parents. Un volet auquel Fabienne Quiriau, directrice générale de la Convention nationale Cnape sera particulièrement vigilante : « Adrien Taquet va devoir clarifier ce qu’est la prévention, ses objectifs et les acteurs concernés. Il lui faudra donner l’impulsion dans les territoires pour encourager la coordination ».
Un besoin urgent de crédits
Autre priorité : garantir les droits fondamentaux (sécurité, santé, école…) des enfants confiés à ASE. Ce en repensant les modes de prise en charge (promotion de l’accueil familial, diversification des dispositifs…). « Ce qui va nécessiter de former les professionnels aux besoins de l’enfant définis par la conférence de consensus de 2017 », prévient Fabienne Quiriau.
Si ces annonces vont dans le bon sens, la question cruciale des moyens n’a pas été abordée. Certes, l’accompagnement des jeunes majeurs devrait trouver des solutions financières via la contractualisation avec les départements prévus dans le cadre de la Stratégie Pauvreté [2]. Au-delà « il y a urgence à s’atteler au manque de crédits qui se traduit, dans certains territoires, par des listes d’attente de plusieurs mois d’enfants en danger sans protection », alerte Fabienne Quiriau. Qui réclame qu’un groupe de travail soit installé pour permettre la mise à l’abri de ces jeunes. Une situation qui n’est pas sans lien avec la saturation des dispositifs depuis l’arrivée des mineurs non accompagnés (MNA), rappelle l’Assemblée des départements de France (ADF), qui attend aujourd’hui « des actes ».
[1] « Enfants placés : les sacrifiés de la République » de Sylvain Louvet.
[2] Dans les mois à venir, les départements signeront avec le gouvernement des contrats dans lequel ils s’engagent à supprimer les sorties sèches des jeunes de l’ASE sur la base d’un référentiel ad hoc.
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 173 - mars 2019