Patrice Tripoteau, directeur général adjoint d'APF France handicap
Quel bilan tirez-vous du dernier Comité interministériel du handicap (CIH) de décembre?
Patrice Tripoteau. Le bilan est mitigé. Des points importants ont été rappelés comme l'attribution de la prestation de compensation du handicap (PCH) sans limitation de durée ou l'ouverture de centres de ressources dédiés à la vie intime et sexuelle. La mission confiée à Denis Piveteau sur la généralisation du logement inclusif est intéressante pour lever les difficultés d'ordre pratique et réglementaire. Encore faut-il que les financements suivent ! Mais nous restons très loin des attentes sur les enjeux de ressources, d'accessibilité universelle et sur le droit à compensation du handicap. Sans cela, on ne peut pas parler de transition inclusive avec notamment l’évolution des établissements et services médico-sociaux (ESMS).
Qu'attendez-vous de la conférence du 11 février ?
P. T. Un des enjeux majeurs pour nous est l'évolution du périmètre de la PCH, de son financement dans le contexte des tensions budgétaires des départements, et de celui des tarifs. Nous espérons aussi des orientations fermes sur l’accessibilité. Pour l'instant, la question n’est pas au programme. Or, nous attendons toujours le bilan de l'inspection générale Igas sur les agendas d’accessibilité programmés (Ad’AP). Il est important que les préfets mettent en place des plans de contrôle et de sanction comme en Vendée ! On ne peut pas non plus avoir une CNH qui fait des annonces, alors que dans le même temps est envisagée la fusion de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) dans le revenu universel d'activité. Il faut réfléchir à un véritable revenu d'existence dans une logique « Sécurité sociale » !
Que pensez-vous de la proposition du rapport Denormandie d’expérimenter un « forfait santé » pour l’accès aux soins ?
P. T. Le rapport propose la prise en charge, dans le budget des établissements, des soins hors maladie, comme le nursing, la coordination de la prévention, l'accompagnement de la déficience et à l’autonomie. Nous y sommes favorables avec des points d'attention : que les personnes ne se retrouvent pas avec un reste à charge supplémentaire ou que des dépenses dépassent les capacités des ESSMS. Un point reste aussi à clarifier, celui du transport sanitaire. Nous étudierons les conclusions de l'Igas sur la question.
Propos recueillis par Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 182 - janvier 2020