Quels leviers prônez-vous pour créer 100 000 emplois sur le quinquennat ?
Thibaut Guilluy. Il s'agit de lancer une dynamique de territoire associant les collectivités, de donner plus de liberté aux acteurs pour leur permettre d'innover et de s'adapter aux publics, et de simplifier leurs démarches. Par exemple, en refondant l’agrément et en misant sur l’auto-prescription. Les structures recruteraient et valideraient elles-mêmes les publics nécessitant un accompagnement. Des prescripteurs sociaux seraient agréés dans l’hébergement d’urgence, l’aide sociale à l’enfance… Le conventionnement serait simplifié : plus besoin par exemple de consulter l'ensemble des membres du conseil départemental de l'IAE. Un portail de l’inclusion permettrait de créer un marché digital connectant l’offre et la demande. Pour répondre à l’enjeu de flexibilité, l'idée est de laisser plus de liberté pour organiser les parcours (contraintes hebdomadaires, durée maximale de l'accompagnement…).
Quels changements au niveau des contrats de travail ?
T. G. La création d’un CDI inclusion notamment. Il s'agit de permettre aux plus de 55 ans de le signer jusqu’à leur départ en retraite avec la structure d’insertion qui conserverait 70 % des aides. Nous préconisons aussi un contrat passerelle pour faciliter la transition vers l’entreprise, en restant salarié de celle d’insertion.
Comment créer la dynamique de territoire appelée de vos vœux ?
T. G. Les orientations stratégiques et budgétaires se situeront davantage au niveau régional pour une meilleure articulation avec les politiques de formation. Nous voulons refondre la gouvernance en intégrant l'IAE dans la contractualisation avec les départements. Nous proposons également un bonus de 1500 euros aux structures en zone blanche et la facilitation des regroupements.
Qu’en est-il du financement de ce plan ?
T. G. Il y a des choses évidentes comme l'émargement au niveau interministériel sur les politiques publiques d’inclusion : quartiers prioritaires de la Ville, transition écologique et numérique… Il y aura des moyens dans le cadre de la Stratégie Pauvreté et nous suggérons d’accroître ceux du plan d'investissement dans les compétences (PIC). Augmenter le budget du ministère du Travail de 500 millions d'euros pour arriver à 1,2 milliard en 2020 paraît aussi nécessaire.
Propos recueillis par Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 177 - juillet 2019