Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé
« Stop au bla-bla, faites notre loi ! » Mi-janvier, l’agacement de la fédération nationale de directeurs Fnadepa résumait bien le ras-le-bol des acteurs du grand âge, lassés d’attendre la réforme Autonomie promise pour 2019. Des professionnels furieux d’avoir incidemment appris en décembre, de la bouche du ministre du Budget, la disparition de ce « marqueur social du quinquennat » de la pile des priorités de l’année. Pire : pas de nouvelle non plus de la conférence sociale promise dans la foulée du rapport El Khomri sur l’attractivité des métiers [1]… « 2020 sera bien l’année de la réforme », dont les concours seront concertés au premier semestre, a fini par assurer en janvier la ministre des Solidarités et de la Santé en personne.
Priorité à la prévention
Sans attendre, Agnès Buzyn a dévoilé une série de mesures centrées autour de la prévention de la perte d’autonomie. Parmi elles ? Le déploiement d’actions spécifiques en établissements d'hébergement – Ehpad (15 millions d’euros par an) et l’introduction, dès cette année, de nouveaux critères de prévention dans la certification des établissements de santé. Par ailleurs, un futur centre ressources permettra d'évaluer l’impact des actions initiées par les conférences de financeurs, dont le pilotage sera renforcé après définition d’orientations nationales. Peu de chances toutefois pour que que cette stratégie, « constituant surtout une mise en cohérence d’actions existantes ou déjà annoncées » rappelle la Fédération hospitalière de France (FHF), suffise à calmer les professionnels aux conditions de travail difficiles…
La pénibilité en débat
Des métiers marqués, on le sait, par une forte pénibilité : 4 % des détenteurs d’un compte de prévention (C2P) relèvent du champ, indique le ministère du Travail [2]. Un enjeu placé au cœur du futur système des retraites. Y compris par l’union des employeurs Udes, prête à soutenir « l’âge pivot, à condition qu’il prenne en considération la pénibilité des métiers ». Message reçu : début janvier, une série de concertations avec les partenaires sociaux ont débuté sous l’égide des principaux ministères. Et notamment d’Agnès Buzyn sur l’aménagement des fins de carrière dans l’hospitalière. Axes prioritaires fixés par Matignon ? Partager les impacts sur l’évolution des seuils de pénibilité, renforcer les actions de prévention, construire des dispositifs de reconversion ainsi qu'une stratégie pour l’emploi des seniors.
[1] Lire Direction[s] n° 181, p. 8
[2] « Réforme des retraites. Fins de carrière et pénibilité », état des lieux, ministère du Travail, 7 janvier 2020
Gladys Lepasteur
Les acteurs du domicile divisés
Fin décembre, le traditionnel arrêté relatif au prix des prestations des services d’aide et d’accompagnement à domicile (Saad) non habilités à l’aide sociale a été publié [1]. Fixé à 3 % pour 2020, le taux d’augmentation maximum du tarif, pourtant supérieur à celui de l’année précédente (1,42 %), n’a pourtant pas suffi à calmer la grogne de tous les acteurs. Il « ne peut pas à [lui] seul constituer une ligne politique sur le grand âge, et surtout masquer la réalité du secteur du soutien à domicile ! », a recadré la fédération Adessadomicile. Un avis loin d’être partagé par la Fédération française des services à la personne et de proximité (Fedesap). Laquelle se réjouit que cette hausse soit « décorrélée du taux d’encadrement des prix en Ehpad » [2] et qu’elle « permette de compenser l’augmentation du Smic ».
[1] Arrêté du 24 décembre 2019
[2] Arrêté du 19 décembre 2019
Publié dans le magazine Direction[s] N° 183 - février 2020