Laurent Chambaud (EHESP) © Ch. Boulze
Quel regard portez-vous sur le rapport Thiriez ?
Laurent Chambaud. Un certain nombre de points restent à être affiner, mais beaucoup sont intéressants comme la volonté d'ajouter plus de souplesse et de flexibilité pour redonner une attractivité à la Haute fonction publique, tout en diversifiant les parcours. Nous avons besoins de soignants, de personnes issues du médico-social, mais aussi du droit ou des sciences humaines et sociales… Cette richesse est importante !
Faut-il, selon vous, comme le préconise le rapport, fusionner votre école avec l'EN3S ?
L. C. Nous avons beaucoup d'interrogations. Le terme fusion est fort. J'attends de voir quel sera le mode opératoire. J'ai toujours été favorable à un rapprochement, mais sur la base de notre structure juridique, un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPCSCP). Notre école de santé publique a une vocation académique et de recherche. C'est dommage que le rapport ne valorise pas cette force. Nous avons aussi des formations innovantes basées sur des blocs de compétences que l'on retrouve dans les écoles d'ingénieurs…
Le rapport propose aussi que l'EHESP reprenne l'organisation des concours des directeurs d'établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S). Une bonne idée ?
L. C. Le Centre national de gestion (CNG) qui organise actuellement les concours le fait plutôt bien. Il serait intéressant d'avoir, aux côtés du regard professionnel, une vision des candidats qui soit aussi académique. Ainsi, que nous y participions davantage est une bonne idée ! Si nous devons les organiser et que l'on nous en donne les moyens, pourquoi pas…
Qu'attendez-vous maintenant de la réforme de la Haute fonction publique ?
L. C. Pour l'instant, le coup de projecteur est mis davantage sur le devenir de l'ENA. J'espère donc que nous serons fortement associés à la réflexion. Il faut notamment trouver un équilibre sur le futur tronc commun de la formation, qui gagnerait à intégrer une dimension en lien avec les problématiques environnementales et le changement climatique. C'est important qu'il y ait des liens et des interactions entre les différents cadres, sans oublier les spécificités de notre secteur. Surtout au vu des enjeux qui se profilent dans les prochaines années sur les territoires nécessitant des interactions entre les établissements et les services. Il faut avoir le temps de développer des compétences solides dans ces domaines. Il n'en demeure pas moins que la vision d'une carrière multiple avec la création de passerelles est primordiale pour attirer les jeunes qui arrivent.
Propos recueillis par Laura Taillandier