Deborah Ensminger, responsable juridique de la fédération des associations de directeurs Fnadepa
Objectif ? Renforcer l'attractivité du métier d'aide-soignant. Avant la loi Grand âge, le gouvernement a présenté son plan pour enrayer la baisse de postulants aux portes des instituts de formation. Au premier rang duquel la suppression du concours, remplacé par un examen de dossier et un entretien oral. Des enseignements compléteront le cursus comme la prévention de la perte d’autonomie, et un module collectif, de trois semaines, certifiant et centré sur les besoins des personnes âgées, sera créé. Le nouveau référentiel des missions sera présenté en avril avant celui sur la formation en mai.
Un premier pas
« Cette réingénierie est positive, tout comme les passerelles annoncées pour rejoindre le cursus des infirmiers », salue Guillaume Gontard, président de la fédération des aides-soignants Fnaas. Parmi ses attentes : la prise en compte dans les référentiels des actes de soins et des pratiques effectives comme l'électrocardiogramme, ou encore la création de la fonction de coordonnateur préconisée par la mission El Khomri [1].
« Dans la territoriale, si on a fait sauter un premier verrou, le concours de la fonction publique reste nécessaire, pointe néanmoins Deborah Ensminger, responsable juridique de la fédération des associations de directeurs Fnadepa. Et l'équivalence prévue de la nouvelle formation collective avec celle d'assistant de soins en gérontologie (ASG) risque de dévaloriser celle-ci. »
Polémique sur la prime « grand âge »
Autre mesure qui interroge : la création de la prime « grand âge » (118 euros bruts mensuels) pour les aides-soignants exerçant auprès des personnes âgées, mais uniquement dans les établissements de l'hospitalière… Une restriction « incompréhensible » pour l'union nationale Uniopss, la Fnadepa ou encore les fédérations du domicile. « C'est une rupture d'égalité et le danger d'une migration de personnels vers des postes contractuels de la fonction publique, craint Deborah Ensminger. En outre, la condition d'avoir suivi une formation pour percevoir la prime a disparu, il faut donc davantage de moyens dont les établissements ne disposent. »
Des précisions apportées par la loi Autonomie ? « Cette réforme répondra à tous les enjeux des métiers du grand âge, s’agissant notamment de l’attractivité de ceux du domicile », s'est engagée l'ex-ministre Agnès Buzyn. Un dossier brûlant désormais sur la table de son successeur, le député (LREM) et médecin Olivier Véran.
[1] Lire Direction[s] n° 181, p. 8
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 184 - mars 2020