S’il est un sujet sur lequel les équipes de direction sont désormais incollables, c’est celui de la gestion de crise… Une crise sanitaire qui s’installe dans la durée, obligeant à jongler entre complexité et incertitude pour assurer, au mieux, la continuité et la sécurité de l’activité. Quel sera le tribut payé par le secteur social et médico-social ? Recherche effrénée d’équipements de protection, gestion des peurs légitimes de chacun, réaménagement des accompagnements, mobilisation de renforts, organisation des dépistages… Nombreuses sont les structures mises à rude épreuve, en particulier celles confrontées aux décès de résidents, mais aussi aux impacts du confinement sur les publics déjà vulnérables, principales victimes de cette épidémie. Car cette crise agit comme un révélateur puissant des inégalités et dysfonctionnements actuels de l’État de droit. Mais aussi, heureusement, des solidarités à l’œuvre et de l’utilité sociale de champs d’activité qu’il est d’usage de renvoyer à leurs coûts, non à leur richesse. Enfin devenus audibles, les professionnels du secteur seront-ils entendus ? Des acteurs qui expérimentent aussi de nouveaux possibles : report de la trêve hivernale, fin des sorties sèches des jeunes majeurs… Si chacun tire déjà des premières leçons pour l’après et entend se saisir de cette épidémie comme d’une opportunité, par exemple pour obtenir la loi Grand âge, il ne s’agirait pas de confondre résilience et capacité de rebond des acteurs avec optimisme et confiance aveugle dans des promesses de circonstance. Chat échaudé… Cette épidémie nous ramène à l’essentiel, certes, donc à des choix de société éminemment politiques. Et la revalorisation des métiers du soin et du prendre soin en est un. C’est même une condition sine qua non pour que le « monde d’après » ne ressemble effectivement pas à celui « d’avant ».
Noémie Gilliotte, rédactrice en chef
Publié dans le magazine Direction[s] N° 186 - mai 2020