La France pouvait à nouveau pointer le bout de son nez (masqué) dehors lorsque ce numéro a été envoyé chez l’imprimeur. Alors que vous tenez ce magazine entre vos mains, la deuxième vague tant crainte de l’épidémie déferle-t-elle ? Houle maîtrisable ou bien nouveau tsunami rinçant davantage les soignants, mais aussi les professionnels sociaux et médico-sociaux ? Disponibilité des équipements de protection et des tests de dépistage, état des troupes, compensation des surcoûts liés à la gestion de la crise sanitaire… En ce début de déconfinement, de nombreuses inconnues demeuraient. Si l’attribution d’une prime pour les personnels des structures financées par l’assurance maladie et ceux du champ de l’hébergement/insertion était acquise, quid de tous les autres mobilisés pendant cette crise ? Leur sort était notamment suspendu à l’issue de « discussions » entre l’Etat et des départements renvoyés à leurs prérogatives. Pour l’aide à domicile, ces derniers ont toutefois annoncé un plan concerté de revalorisation des métiers. Une façon pour des exécutifs locaux asphyxiés de gagner du temps, tout en laissant l’Etat assumer le paiement de la prime qu’il a promise ? Tout cela ressemblerait fort à… l’ancien monde. Tout comme un « Ségur de la santé » qui oublierait le secteur social et médico-social et reproduirait ainsi des politiques en silo. Sauf à ce que ce chantier soit bien pensé et articulé avec celui du 5e risque (ou branche) lié à la perte d’autonomie des personnes âgées et handicapées annoncé le 20 mai. Il pourra notamment s’appuyer sur les nombreux travaux déjà menés de longue date, et pour lequel des moyens devront être sanctuarisés... Pour qu’advienne le monde d’après qu’espère le secteur, il faudra donc que ses représentants serrent plus que jamais les rangs. A tout prix.
Noémie Gilliotte
Publié dans le magazine Direction[s] N° 187 - juin 2020