Quel est l’état d’esprit des étudiants en travail social ?
Diane Bossière. Nous repérons de la fatigue psychique. Il y a un grand risque qu’ils abandonnent leurs études, notamment ceux qui n’ont pas pu faire leur stage de première année. Et ceux qui ont été sur le terrain ont parfois dû faire face à des réalités éducatives et sociales lourdes. Nous regardons avec les universités comment nos équipes peuvent être associées à l’organisation d’un suivi psychologique. Nous espérons aussi poursuivre l’enseignement mixte, avec des ateliers pratiques en présentiel.
Votre alerte sur la pénurie de stages lancée auprès des employeurs a-t-elle porté ses fruits ?
D. B. Les employeurs ont répondu présents malgré leurs difficultés : gestion de la crise, de l'encadrement insuffisant et de la capacité d’accueil réduite. Si ce travail de dentelle a payé avec la mise en place de dispositifs souvent en dehors « des clous » habituels (encadrement à distance, plusieurs organisations d'accueil, etc.), le problème se reposera à l’identique quand il y aura une nouvelle vague de stages à trouver.
Les assouplissements pris en novembre ont-ils été à la hauteur ?
D. B. Nous souhaitions des assouplissements globaux, mais la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a choisi de revoir les minima d'heures et de capacité d'accueil, diplôme par diplôme [1]. Cette dernière évaluera début février les difficultés, les dispositifs qui ont fonctionné... Nous en attendons rapidement des marges de manœuvre. Il faut pouvoir organiser des suivis de parcours individualisés pour l’ensemble des cohortes en formation depuis 2020 et avant. En revoyant les modalités d’acquisition des compétences et en établissant des critères sur lesquels les jurys pourront s’appuyer, comme la valorisation d’autres expériences telle la participation à la réserve sociale. Et nous n’échapperons pas au sujet de fond : ces formations, la moitié du temps en alternance, sont-elles tenables ? Nous souhaitons à tout prix éviter de décaler les certifications. Les personnes en formation sont attendues par les employeurs dont les besoins augmentent. Il nous faut trouver des solutions, même si cela passe par des moyens un peu atypiques.
[1] Arrêté du 4 novembre 2020
Ppropos recueillis par Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 194 - février 2021