Ce ne sera donc pas un RSA jeunes, ni un revenu universel d’activité (RUA). Ni même une Garantie jeunes 2.0 [1]. Dévoilés début novembre par l’exécutif, les contours du futur contrat d’engagement jeune ont fait l’effet d’une douche froide dans le monde associatif. « L’ambition a été sacrifiée au profit des logiques budgétaires », résume ainsi ATD Quart Monde. Pourtant, ce nouveau dispositif, cadre commun destiné à se substituer aux solutions d’insertion existant pour les moins de 26 ans « ni étudiants, ni en formation, ni en emploi » (dits Neet), a des atouts. Le principe, promeut le cabinet du Premier ministre ? Leur proposer un accompagnement d'un an [2] « d’une intensité sans précédent », comportant 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires.
Jusqu’à 500 euros
En contrepartie, jusqu’à 500 euros mensuels pourront être octroyés, sous conditions de ressources, aux 400 000 bénéficiaires promis pour 2022. Soit 200 000 de plus que le nombre de personnes attendues en Garantie jeunes cette année, mais bien en deçà du 1 à 1,5 million envisagé un temps… « Passer à une logique de droit ouvert aurait été autrement plus ambitieux », souligne le collectif Alerte qui voit là « un nouveau renoncement dans la lutte contre la pauvreté ». « On reste dans un dispositif contingenté, susceptible de subir les affres du stop-and-go budgétaires, et auxquels de nombreux droits ne sont pas connectés, confirme Antoine Dulin, président de la commission Insertion du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse. On est loin du changement de paradigme qu’exige pourtant la situation. On ne sort toujours pas de l’idée que verser un revenu à des jeunes les conforterait dans l’oisiveté et la paresse. Fausse, cette opposition récurrente entre insertion et logique de solidarité est en outre mortifère dans le cadre des politiques sociales. »
Quelle articulation des acteurs ?
Une enveloppe de 550 millions d’euros supplémentaires sera fléchée l’an prochain, notamment en direction des missions locales et de Pôle emploi placés aux manettes du dispositif. Un partenariat avec les collectivités et les associations permettra également de déployer l’aller-vers pour les publics les plus en rupture. Pour l’heure, un comité de pilotage, réuni pour la première fois début novembre, est chargé de déminer un certain nombre de dossiers techniques. « Quelle sera la bonne articulation entre Pôle emploi, missions locales et associations ? Quelles seront la gouvernance territoriale et l’implication des collectivités ?… », énumère Antoine Dulin, participant aux travaux. Objectif : déployer les contrats en mars, après une période de préfiguration dès janvier, prévoit Matignon.
[1] Lire Direction[s] n°194, p. 9
[2] 18 mois sous conditions.
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 203 - décembre 2021