Jean-Luc Gleyze, président de la Gironde © Gironde/Roberto Giostra
Évaluer la Stratégie Pauvreté, mission impossible ? Dans son rapport 2021, le comité chargé de cette tâche sous l'égide de France Stratégie peine à rendre un verdict. Absence de tableaux de bord national et régional, manque de données détaillées… Si le tir n’est pas corrigé, l’efficacité des mesures ne pourra être appréciée même à un horizon éloigné, fait-il valoir. Préconisations pour changer la donne ? Création d’un indicateur validé par l’Insee prenant en compte des dimensions non mesurables de la pauvreté, augmentation des moyens de la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP) pour un suivi adéquat… Le comité appelle aussi à la vigilance pour limiter la casse de la pandémie. Une crise qui a déjà laissé ses marques (renforcement du non-recours, manque d’accès aux services de soins…), pointe le cinquième collège du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). D’autant que les moyens du plan de relance réservés aux associations (le premier appel à projets financera 33 initiatives en 2021 pour 33,5 millions d’euros) sont jugés insuffisants. Une attention particulière devra aussi être portée aux publics ne rentrant pas dans toutes les cases, comme les jeunes avec un job étudiant, plaide le conseil.
Plaidoyer pour un revenu de base
Ce, grâce à un revenu de base ? Pour le comité d’évaluation de la Stratégie, les voyants appellent sans délai son expérimentation pour les 18-24 ans les plus démunis. Une démarche que 24 départements voudraient bien voir aboutir. Comme la Gironde : « Nous avons encore à mener des travaux pratiques sur son utilité. Nous espérons que la crise apportera la lucidité pour dépasser les blocages liés notamment au principe d’inconditionnalité », rappelle Jean-Luc Gleyze, président de l’exécutif local. En attendant un feu vert, le département a élargi le périmètre de son aide aux jeunes à la population étudiante (une allocation de 3 000 euros maximum, avec un accompagnement). Cette « mesure conjoncturelle », financée avec l’aide du Fonds social européen (FSE), vise potentiellement 500 jeunes Girondins. Bien loin encore des 60 000 bénéficiaires de l’expérimentation de grande ampleur souhaitée par ces collectivités.
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 197 - mai 2021