Quel était l'objectif de ce CIH ?
Céline Poulet. D'une part, réaffirmer l'interministérialité de la politique du handicap, avec en soutien de la coconstruction, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). D'autre part, rappeler la continuité de l'action ainsi que la méthode de travail en remobilisant le réseau des hauts fonctionnaires Handicap et Inclusion. Et pour avancer sur l'accessibilité, un délégué interministériel pilotera cette politique, notamment la transposition de la directive du 17 avril 2019. Ce n'est pas un scoop, nous sommes en retard sur l'accessibilité numérique et physique. Pour parcourir le dernier kilomètre, ce délégué pourra s'appuyer sur de nouveaux relais : des sous-préfets référents veillant sur le terrain au respect des droits des personnes.
Quelles étapes avant la Conférence nationale du handicap (CNH) ?
C. P. La Première ministre a décidé de quatre groupes de travail, pilotés chacun par un ministère, dont un premier sur l'accessibilité, associant les collectivités. Nous arrivons à la fin des agendas (Ad'ap) : que faisons-nous après ? Le second groupe doit nous permettre d'aller vers un acte 2 de l’école inclusive en abordant la coopération entre l'école et le médico-social. Le troisième dossier, c'est le plein emploi. Le taux de chômage des personnes handicapées reste élevé et on sait qu'il y a une problématique d'articulation avec l'allocation AAH. Enfin, nous nous pencherons sur la simplification des parcours et la transformation de l'offre.
Ce, dans un contexte où l'ONU a adressé une semonce sur la désinstitutionalisation [1]…
C. P. Ne faisons pas l'autruche. Ne pas prendre en compte cette recommandation serait étrange alors que la France a ratifié la convention. Il faut avoir un débat sur les droits fondamentaux des personnes dans les établissements et services, en écoutant leurs retours sur les freins à la pleine citoyenneté ou encore le droit à une vie sexuelle. Tous ces sujets seront sur la table dans l'optique de redonner du sens à la transformation, dans un système de tarification à rénover. Ces travaux s'articuleront avec la nouvelle stratégie Autisme au sein des troubles du neurodéveloppement (TND), qui capitalisera sur les avancées du dépistage précoce et la structuration de la recherche, et ira plus loin sur le public des adolescents et des adultes. Mais aussi avec les concertations territoriales du Conseil national de la refondation (CNR) sur le « bien vieillir », la santé, l’emploi. Objectif : arriver avec des propositions nouvelles permettant au président de la République de délivrer sa feuille de route lors de la CNH.
[1] Observation générale n° 8, sur www.ohchr.org
Propos recueillis par Laura Taillandier
Une nouvelle stratégie pour les aidants
Reconnaître l’ensemble des aidants : c'est un des objectifs de la nouvelle stratégie annoncée pour 2023. Ce, en inscrivant une définition de ces proches dans le Code de l’action sociale et des familles (CASF) pour mieux inclure les aidants des personnes handicapées ou malades. Autres enjeux ? Développer l’offre de répit tant au niveau du maillage territorial que dans le type de réponses avec la poursuite de l'expérimentation du relayage à domicile jusqu'à fin 2023. Un axe défendu par le collectif Je t'aide qui demande aussi une étude d'impact sur une reconnaissance officielle des aidants et le développement de leur formation. Ce, en élargissant le bénéfice de valorisation des acquis de l'expérience (VAE), souligne APF France Handicap.
Publié dans le magazine Direction[s] N° 213 - novembre 2022