Champ particulièrement sensible à la récente flambée des coûts de l’essence ? L’aide à domicile, dont un grand nombre de salariés effectuent leurs interventions avec leur véhicule personnel. Pour eux qui parcourent jusqu’à « 300 à 400 kilomètres en moyenne par semaine » notamment en zones rurales, évaluent des fédérations patronales [1], la remise de 15 centimes par litre appliquée sur le prix à la pompe décidée jusqu’à la fin juillet par le plan de résilience économique et sociale paraît « insuffisante ». « Les ruptures de prises en charge sont déjà une réalité, assure Julien Mayet, vice-président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles (UNA). Certains refusent des interventions trop éloignées. Sans compter les candidats à l’emploi qui déclinent des offres vu le montant de l’indemnité kilométrique de la branche (BAD), inchangé depuis 2008. » Une indemnité que les partenaires sociaux ont décidé, par avenant signé le 23 mars, de porter à 38 centimes (+ 3 centimes) [2].
Pour une « prime carburant »
Mais étant donné l’urgence, les employeurs défendent l’octroi d’une subvention exceptionnelle. Accordée aux services, quel que soit le statut juridique de leur gestionnaire, celle-ci pourrait alors être reversée aux salariés sous la forme d’une prime désocialisée et défiscalisée ou d’une augmentation de leur indemnité kilométrique. « Certains départements ont déjà mis la main à la poche en allouant des indemnités temporaires jusqu’à 40 centimes. Un dispositif uniforme, assorti d’un accompagnement financier de l’État, est toutefois nécessaire », plaide encore Julien Mayet.
Bouclier tarifaire étendu
Du côté des résidences sociales aussi, l’énergie est devenu la préoccupation économique des derniers mois. « Les personnes logées réglant une redevance forfaitaire, les gestionnaires doivent absorber la flambée des prix du gaz, désormais structurelle », confirme Arnaud de Broca, délégué général de l’Union professionnelle du logement accompagné (Unafo). Des tensions susceptibles d’entraver les objectifs de production et de réhabilitation assignés au secteur. Résultat ? Mi-avril, l’État a accepté d’inscrire les résidences sociales, mais aussi des structures de l’hébergement et de l’insertion sur la liste des bénéficiaires du bouclier tarifaire, étendu aux logements concernés par un chauffage collectif au gaz [3]. Versée aux fournisseurs d’énergie qui doivent la répercuter à leurs clients dans les 30 jours, l’aide vise à ramener le prix acquitté pour la saison de chauffe 2021-2022 au tarif réglementé d’octobre 2021, précise le ministère de la Transition écologique.
[1] UNA, Fesp, Fedesap et Synerpa Domicile.
[2] Le texte reste encore à agréer
[3] Décret n° 2022-514 du 9 avril 2022
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 208 - mai 2022