Depuis le début de l’année, plus de 3130 personnes en famille n’ont pu être accueillies en structures d’hébergement, faute de places disponibles ou adaptées à la composition de leur ménage. Près de 1660 d’entre elles étaient des mineurs, dont 368 de moins de trois ans. La tendance ? En huit mois, le nombre de ces enfants sans solution d’hébergement a quasiment doublé sur le territoire, recense la nouvelle édition du baromètre publié par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et l’Unicef [1]. Le pays n’avait-il pourtant pas maintenu la capacité du parc d’hébergement au haut plus niveau à la sortie de la crise sanitaire et entamé, en parallèle, sa transformation pour servir les objectifs du Logement d’abord ? « Oui, mais le problème, c’est que pour faire des économies rapides, on cherche à baisser le nombre de places d’hébergement d’urgence (HU), et ce sans avoir fini de structurer l’offre adaptée à la hauteur des besoins, s’alarme la directrice générale de la FAS, Nathalie Latour. En outre, il faut tenir compte de la crise géopolitique actuelle qui fragilise les plus vulnérables : vouloir sortir aujourd’hui de l’HU, c’est trop tôt. »
La charrue avant les bœufs
D’autant que le manque de visibilité sur la programmation pluriannuelle inquiète. « La délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (Dihal) a certes mené un travail de concertation sur le sujet, mais nous attendons désormais les arbitrages politiques, reprend Nathalie Latour. Or, les premiers signaux ne sont pas encourageants : il y aura de nouvelles baisses dans l’HU en 2023… » Et de réclamer, outre l’arrêt de ces fermetures de places, un plan ambitieux en matière de logement et d’hébergement. Ainsi qu’une approche interministérielle sur le sujet. « Un travail conjoint associant l’Éducation nationale est nécessaire pour porter une attention soutenue envers ces enfants. On ne peut pas prôner une politique sur les 1000 premiers jours dans ces conditions. Le préalable est qu’ils aient, au moins, un toit sur la tête. » Éléments de réponse attendus dans le projet de budget qui devait être présenté fin septembre.
[1] Baromètre Enfants à la rue 2022, à lire sur www.federationsolidarite.org
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 212 - octobre 2022