La CNH sera-t-elle l’occasion du « changement de paradigme » promis par l’exécutif ?
Arnaud de Broca. Probablement pas, même si on sera peut-être surpris. Il y aura sans doute quelques mesures positives. Le problème est que ce sera la première CNH du quinquennat, celle censée apporter un nouveau souffle, une ambition. Or, on s’interroge encore sur le cap : qu’en sera -t-il en termes d’amélioration à court terme de la vie quotidienne des personnes handicapées ? En outre, le contexte politique actuel n’est pas anodin, la parole présidentielle sort affaiblie de la séquence sur les retraites. Résultat : ce moment risque de passer inaperçu.
Les associations n'ont-elles pas pourtant été consultées ?
A. de B. C’est ce que veut faire croire le gouvernement, mais non : il n’y a pas eu de réelle concertation. Là non plus, on n’a pas vu de changement de méthode. À ce stade, impossible de dire quels moyens et quelles priorités seront privilégiés. De nombreux sujets n’ont, en outre, pas été assez réfléchis dans les groupes de travail, comme celui du fonds territorial pour l’accessibilité – promesse du candidat Emmanuel Macron. S’il pourrait s’avérer un levier, il pourrait aussi se réduire à une coquille vide s’il n’est pas assez doté, ou s’il est assorti de critères trop restrictifs.
En cas d’annonces fortes, espérez-vous que la proposition de loi Bien vieillir, examinée au Parlement, intègre des mesures sur le handicap ?
A. de B. Rappelons d’abord que ce texte, auquel les acteurs du handicap n’ont, là encore, pas été associés, marque une régression en niant les logiques de convergence des politiques du grand âge et du handicap. C’est d’autant plus incompréhensible que des mesures introduites au Parlement concernent ce dernier, comme le service public territorial ou la conférence de l’autonomie.
Pour autant, il est évident que si des éléments d’ordre législatif sont annoncés à la CNH, ce texte serait un véhicule tout trouvé : il y a donc encore une possibilité, juridique en tous cas, d’en faire une grande loi Autonomie, un vrai marqueur social de la mandature. Sinon, la suite se jouera dans les lois de finances en préparation. Nous ne méconnaissons pas la réalité budgétaire, l’important est de définir une trajectoire pour les prochaines années. C’est justement ce à quoi sert une CNH.
Propos recueillis par Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 219 - mai 2023