Pourquoi avoir salué l’adoption de ce rapport ?
Daniel Goldberg. Après la parution du Livre vert, qui posait les constats, il était important d’aboutir à un document solide aux propositions précises. D’autant que les travaux, comme la méthode, ont été de qualité, avec une écoute attentive des participants et des rédacteurs – en particulier de la Direction générale de la cohésion sociale. L’enjeu désormais : qu’il ne devienne pas un rapport de plus ! L’attractivité étant devenue LE sujet central, on ne peut plus reculer. Si l'on ne se dote pas de moyens efficaces, la pénurie entraînera la pénurie : le trop faible nombre de personnels en poste poussera ceux en activité à partir... Cela montre d’ailleurs, et c’est ce que nous avons défendu, combien les ratios d’encadrement restent un levier d’action majeur pour améliorer les conditions de travail. Redonner du sens à ces métiers pour ceux qui les exercent implique de leur donner le temps d’accompagner correctement les personnes. Sans compter que le pouvoir d’agir que tout le monde cherche à développer ne restera qu’un vain mot dans les projets d’établissement si les personnels ne peuvent prendre le temps d’écouter ce que veulent les usagers.
Et maintenant ?
D. G. On verra comment les pouvoirs publics s’en saisiront. Une chose est sûre : si le secteur des solidarités a l’avantage de ne pas avoir d’actionnaires à rémunérer, il n’a aussi personne pour lui octroyer des fonds afin d’embaucher ou d’augmenter les salaires. Nous sommes donc face à un choix de société, qui dépasse le sujet des revalorisations : l’utilité sociale de ces métiers mérite-t-elle qu’on les paie mieux ? Au-delà, quel accompagnement permet-on pour des personnes fragiles, que leur vulnérabilité soit temporaire ou permanente ? Faute d’actions fortes, le risque est de devoir vivre durablement dans un système dégradé en termes de réponse aux besoins.
C’est donc une adresse au Gouvernement ?
D. G. Pas seulement car, sur le sujet, l’État, les départements et les régions ont tous des responsabilités. Il est urgent que ces trois niveaux de décideurs publics dressent ensemble, avec les acteurs de terrain, un état des lieux partagé, par politique et par territoire, avant de le décliner ensuite en termes de besoin de postes. C’est ce que nous avons porté dans ce livre blanc et qui a été en grande partie écouté.
Propos recueillis par Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 223 - octobre 2023