« Le pacte n’apporte aucune réponse structurelle à la pauvreté », indique Noam Léandri du Collectif Alerte.
Il se faisait attendre depuis de longs mois. Le Pacte des solidarités a enfin été présenté par la Première ministre, le 18 septembre. En lien avec les chantiers du quinquennat comme France Travail, le Gouvernement entend tirer les leçons de la précédente Stratégie Pauvreté, tout en proposant des mesures d'urgence face à l'inflation et aux besoins nouveaux identifiés (avec un focus sur l'Outre-mer). Un pacte plus « ambitieux », assure Élisabeth Borne, doté de « 50% de crédits supplémentaires », décliné en quatre axes : lutte contre les inégalités dès l'enfance (montée en charge de dispositifs jugés concluants comme la « cantine à un euro »), emploi pour tous (prime de retour à l'activité, crèches à vocation d'insertion professionnelle), transition énergétique et lutte contre la grande pauvreté. Cette nouvelle « brique » se traduira par un appui aux besoins d'aide alimentaire via le déblocage de crédits européens, le maintien du nombre de places d’hébergement d’urgence à 203 000 pour 2024, le développement de l'aller-vers contre le non-recours ou encore la prévention des expulsions locatives via la création d’équipes socio-juridiques.
Pas de réponses structurelles
« Le Gouvernement revient également sur la baisse de 5 % du budget des associations notifiée tardivement cet été au titre du gel budgétaire », salue la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). « La prise de conscience de l'urgence sociale se traduit par de bonnes mesures notamment sur l'aide alimentaire », appuie Noam Léandri, président du Collectif Alerte. Bémol de taille : « Contrairement à ce qu'affiche le Gouvernement, le pacte n'apporte toutefois aucune réponse structurelle à la pauvreté », regrette-t-il.
Parmi les manques ? La lutte contre le mal-logement, la régularisation par le travail des étrangers mais surtout l'absence de revalorisation des minima sociaux. Si Matignon appelle à ne pas s'enfermer dans ce débat face à l'enjeu de maîtrise des finances publiques, « avec des allocations inférieures au seuil de précarité, on se rend bien compte que nous n'atteindrons jamais l'objectif d'éradication de la pauvreté en 2027 », alerte Noam Léandri.
Un premier pas qui doit donc en appeler d'autres « face à la gravité de la fragilisation des personnes et de l’épuisement des associations qui les accompagnent », pointe la FAS. Pour les aider, l'exécutif entend garantir une visibilité financière pluriannuelle. Et donne comme perspective la restitution des travaux, fin septembre, sur la simplification de la vie associative et l'installation d'une « conférence permanente des solidarités » avec l’ensemble des parties prenantes en janvier.
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 223 - octobre 2023