Les plans Grand froid se succèdent et peu de changements si ce n’est le montant de l’enveloppe de l’État pour renforcer le parc d’hébergement d’urgence, fixée cette année à 120 millions d’euros. De quoi garantir 10 000 nouvelles places, a annoncé en janvier l’ex-ministre délégué au Logement. « Ce sont 3 484 places qui sont ouvertes dans 55 départements, et 328 autres mobilisables », précisait quelques jours plus tard le ministre de la Transition écologique sur X (ex-Twitter). « On nous a d’abord parlé de 10 000 places, finalement c’est beaucoup moins. Elles sont, de surcroît, de mauvaise qualité, sur des délais très ciblés. Cela signifie que le Gouvernement est resté dans une logique de gestion au thermomètre dont il s’engage pourtant à sortir depuis deux ans », s’insurge la directrice générale de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Nathalie Latour.
Des flous persistants
Autre sujet d'inquiétudes : le flou autour de la déclination opérationnelle des crédits annoncés. Où seront-ils précisément affectés ? Que se passera-t-il une fois la vague de froid finie ? Une chose est sûre : le compte n’y est pas. Le 15 janvier, 5 270 personnes, dont 1 601 enfants, restaient sans solutions – soit + 24 % en un an, relaie la FAS. « Nous avons atteint un niveau jamais égalé. Sans parler de la tension extrême dans laquelle nous évoluons depuis plusieurs mois. Nous n’y arrivons plus ! », avoue Nathalie Latour.
Seule solution à long terme : bâtir une véritable stratégie de la rue au logement. Un travail auquel les associations s’emploient sans relâche. « Tant que le Gouvernement ne nous apportera que des réponses conjoncturelles à des problèmes structurels, insiste, scandalisée, la responsable associative, on continuera d’avoir besoin d’un niveau de places très élevé et ça coûtera cher. »
Carol Eyben
Publié dans le magazine Direction[s] N° 227 - février 2024