« Contre l’inclusion systématique ». Le mot d’ordre de la mobilisation de Force ouvrière le 25 janvier a pour le moins suscité le trouble. « Je suis effarée », lâche Mireille Battut, la présidente d’une nouvelle association baptisée Ambition école inclusive, lancée fin janvier. À rebours de cette revendication, l’organisation suit « trois boussoles » : une école « universelle, accessible et effective ». Née de l’initiative de collectifs de parents, et comptant des députés dans ses rangs, elle se veut ouverte à tous. « Le débat est trop focalisé sur les établissements médico-sociaux. Nous considérons que le cœur est l'instruction. Peu importe où elle est donnée, ce droit fondamental doit être respecté », développe Mireille Battut.
« Un scandale »
Selon l’association, ils seraient plus de 200 000 enfants handicapés à ne pas avoir de scolarisation identifiée. Un chiffre qui « donne le tournis » et nourrit sa revendication « pour sortir de l'impasse » : l’Éducation nationale doit (re)prendre ses responsabilités. À elle de s’assurer de la scolarité à temps plein sauf nécessité thérapeutique et de proposer à tous les enfants un projet personnalisé de scolarisation (PPS). « Qu’il ait fallu la dernière Conférence du handicap pour créer un identifiant national élève est un scandale », tempête la présidente d'Ambition école inclusive. Chiffres à l'appui, elle démontre les écarts de moyens avec l’Italie : l’adaptation à la France de son modèle inclusif nécessiterait 300 000 enseignants spécialisés, contre 28 000 actuellement pour l’ensemble des enfants à besoins particuliers. Alors que le manque de moyens reste le point d’accord entre tous les acteurs, l’association cherche avec son avocat une voie juridique pour mettre l’État face à ses obligations.
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 228 - mars 2024