« Un meilleur taux d’encadrement en Ehpad »
« La priorité ? Obtenir enfin un meilleur taux d’encadrement en Ehpad ! Covid-19, inflation, tensions liées au manque de personnels… Les crises se sont succédé et rien n’a changé. Il est incroyable que nous n’ayons toujours pas avancé sur ce sujet ! Les professionnels s’épuisent. Les métiers perdent réellement leur sens lorsqu’ils sont réalisés dans de mauvaises conditions. Or, on sait que lorsqu’on arrive à les améliorer, là on devient attractif. Pour cela, le premier impératif est d’avoir au moins un soignant pour dix habitants en établissement, comme l’ont préconisé les rapports de Myriam El Khomri et de Dominique Libault. »
Pascal Segault, directeur d’Ehpad et de Ssiad, association Adages
« Nous devons faire mieux ensemble »
« Le mode de gouvernance des politiques publiques connaît une vraie crise. Tous les six mois, l’État, très interventionniste, annonce de nouveaux dispositifs, publie de nouveaux textes… Il doit en finir avec son obsession de la communication : on ne peut pas continuer à apprendre dans la presse la création de nouvelles mesures, non financées de surcroît ! À chaque évènement dramatique dans une crèche ou un Ehpad, il réagit en produisant de la norme. On a là un vrai problème de conception des politiques de solidarité. Nous devons parvenir à dessiner un modèle de coopération plus fort entre les acteurs – secteur public, associations, financeurs… Et ce, en retrouvant les outils de la confiance. Car il y a aujourd’hui une vraie défiance envers les exécutifs départementaux, encore récemment accusés d’être responsables du dérapage des comptes publics ! Comment leur demander de faire 5 milliards d’euros d’économies (après les avoir privés de levier fiscal !) en faisant mine d’ignorer que 70 % de leurs budgets de fonctionnement relèvent de dépenses de solidarité ? Le modèle de financement des politiques de solidarité doit donc aussi être réinterrogé. Nous devons faire mieux ensemble, être plus agiles et plus efficients. Et surtout plus intelligibles : les mesures, contremesures, autres mesures, mesures partielles… tout cela doit cesser, à l’image de ce que l’on a vu avec le Ségur. »
Nathalie Pontasse, vice-présidente de l’Association nationale des directeurs de l’action sociale et de santé (Andass)
« Directrices et directeurs, restons soudés ! »
« Le manque de visibilité actuel ne doit pas nous pousser à adopter une vision court-termiste. On doit continuer à avoir des projets à long terme, sans nous laisser happer par cette perspective à trois ou six mois que nos décideurs et nos financeurs nous imposent aujourd’hui : c’est leur réalité à eux ! En outre, continuons à dynamiser et à stimuler les collectifs qui sont possibles autour de nous pour ne pas rester seuls. C’est indispensable. Pour survivre, nous, directrices et directeurs, devons rester unis et soudés par rapport aux personnes que nous accompagnons et à leurs projets de vie. Enfin, malgré ce contexte difficile, attachons-nous à regarder ce qui fonctionne dans nos établissements et services, à dire ce qui nous rassemble, avant de lister les problèmes. C’est aussi le rôle de la direction que d’avoir une vision éclairée et d’être du côté du soleil. Faute de quoi, nous aurons du mal à emmener nos équipes vers quelque chose de mieux. »
Betty Derache, présidente de l’association de directeurs ADC
« Dépassons les clivages politiques »
« Nos priorités sont simples. C’est avoir une représentation complète de l’enfance au sein du Gouvernement et retrouver une forme de sérénité dans les relations entre État, associations et territoires. Au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant, tout le monde doit se mettre autour de la table et les clivages politiques être dépassés. Je fais aussi le vœu d’une confiance renouvelée dans le fait associatif qui pallie pourtant les absences de l’État. Mayotte en est un bon exemple. Nous sentons une forme de mouvement tectonique de la décision politique. Beaucoup de parlementaires sont concernés par la protection de l’enfance et se sentent en capacité d’agir devant l’absence de pilote au Gouvernement. La proposition de loi transpartisane sur les normes d’encadrement sera le texte à suivre pour avoir la preuve, ou non, d’une translation du pouvoir. »
Pierre-Alain Sarthou, directeur général de la convention des associations de protection de l’enfant Cnape
« Profitons des embûches pour apprendre »
« L’année 2025 s’annonce complexe pour l’aide à domicile, notamment. De nombreux départements, eux-mêmes en proie à des difficultés financières, ont décidé de réduire la voilure en termes de financement et ce, sans discussion possible. Plus que jamais, cela concourt à casser le modèle associatif, au profit du lucratif. Toutefois, ne paniquons pas ! Profitons de ces embûches et de cette mer agitée pour apprendre. Rien ne nous dit que nous ne pouvons pas le réinventer. Et pour soutenir le modèle associatif de 2030, je reste persuadé qu’il est possible d’attirer d’autres financeurs que ceux qui sont aujourd’hui exsangues, des partisans d’un pacte social tourné vers la réponse aux plus fragiles. »
Dominique Villa, directeur général de l’association Aid’Aisne
« Il faut nourrir la reconnaissance »
« Je souhaite aux travailleurs sociaux et aux acteurs du champ social et médico-social une année 2025 qui nourrisse la confiance et la reconnaissance. Face aux difficultés historiques relevées par le Livre Blanc du travail social, il est tout de même possible de continuer à mettre la focale sur son importance dans notre pays et d’obtenir des engagements en sa faveur. La résolution pas à pas des difficultés du secteur demande de la détermination et un cap clair que le Haut Conseil du travail social continuera à alimenter. »
Mathieu Klein, président du Haut Conseil du travail social
« Un choc des rémunérations »
« Nous voulons des ministères forts pour porter les politiques sociales et médico-sociales au cœur du débat public, dont un dédié à la fonction publique qui soit en soutien et non plus dans un discours moralisateur sur un prétendu manque d’efficacité par rapport au privé. C’est un enjeu pour la revalorisation et l’image de nos métiers. Nous aimerions également être davantage dans son scope. Nos établissements comptent plus de 30 000 agents engagés ! En matière de ressources humaines, les difficultés sont encore très prégnantes. Au-delà de campagnes de promotion de nos emplois, nous avons besoin d’un vrai choc de rémunération et des financements nécessaires à la formation et la qualification des professionnels. Sans compter le premier chantier à régler : les 3 000 agents encore exclus du Ségur. »
Jeanne Cornaille, déléguée nationale du Groupe national des établissements publics sociaux et médico-sociaux
« Un sursaut pour la solidarité »
« 2024 a marqué un tournant décisif : celui du choix entre une société unie et solidaire ou divisée par l’exclusion et l’injustice. Menace de l’extrême droite, adoption de la loi Immigration, remise en cause de la loi dite SRU… Autant d’éléments qui ont favorisé la stigmatisation des plus vulnérables. L’instabilité politique et budgétaire ne peut perdurer face à la hausse de la pauvreté. Les acteurs et actrices de la solidarité ont besoin de perspectives et d’engagements dans la durée. 2025 doit être l’année du sursaut pour la solidarité, contre le chaos. »
Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des acteurs de solidarité
« Des actes politiques majeurs pour le handicap »
« Pour 2025, j’espère des actes politiques majeurs pour faire du handicap une priorité et porter une ambition sur la transformation de l’offre avec un pilotage national et des déclinaisons régionales. Il est nécessaire de faire confiance aux gestionnaires pour trouver des réponses aux personnes sans solution. Mais cela ne peut se faire sans les financements à la hauteur de nos besoins en tenant compte, notamment de l’inflation, et sans une convention collective unique permettant une revalorisation significative de tous les salariés. »
François Bernard, directeur général du Groupement des associations partenaires d’action sociale