Les employeurs ont-ils présenté un front uni aux syndicats de salariés le 25 mars dernier ? Rien n'est moins sûr. Quelques jours avant cette première commission mixte paritaire (CMP) depuis la suspension, en juillet 2010, des négociations relatives à la convention collective nationale du 15 mars 1966 (CCN 66), chacune des deux organisations (Fegapei et Syneas) campait encore sur ses positions. Au bénéfice des syndicats de salariés ?
Dialogue social grippé
Les désaccords portent essentiellement sur la méthode. Mais pas seulement.
« Notre ambition est de notifier une proposition de révision portant sur les classifications et les rémunérations. Avec la Fegapei ou seuls », rappelle Alain Raoul, vice-président du Syneas. L'organisation envisageait ainsi de transmettre aux partenaires un texte début avril, dans la foulée de la CMP. « Il est urgent de rénover l'existant pour permettre aux gestionnaires d'améliorer la prise en charge. Les classifications et les rémunérations représentent déjà un enjeu important. Nous n'avons pas assez d'éléments pour négocier sur la durée du travail et la pénibilité », précise Alain Raoul. Le Syneas s'engage, par ailleurs, à mener auprès des pouvoirs publics « les actions nécessaires pour obtenir le financement de cette rénovation ».
Variables d'ajustement
Si la Fegapei partage les objectifs d'amélioration des accompagnements, le chemin pour y parvenir diffère. « Nous voulons arriver à un texte de propositions communes et partagées, et négocier une méthode avec les syndicats de salariés afin de garantir une négociation globale sur les classifications et les rémunérations, mais aussi sur la pénibilité et la durée du travail », réaffirme Philippe Calmette, son directeur général. « Cette dernière est d'ailleurs une des seules variables dont nous disposons, car il sera difficile de compter sur de nouvelles ressources financières. Et l'emploi ne doit pas être la variable d'ajustement d'une rénovation insuffisamment financée par les pouvoirs publics », prévient-il. La CMP devait permettre de définir une méthode de travail et un nouveau calendrier.
« Nous pouvons négocier dans le cadre de la procédure de révision, mais nous pouvons aussi convenir d'une autre modalité. Mais elle devra préserver la compatibilité des négociations avec les travaux sur une convention collective unique », estime Philippe Calmette. Pour le Syneas, la rénovation conventionnelle est un préalable. « Il faut procéder par étape afin de favoriser le dialogue social, bloqué depuis trop longtemps », conclut Alain Raoul.
Noémie Gilliotte
Publié dans le magazine Direction[s] N° 84 - mai 2011