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L'essor de l’activité physique adaptée

07/02/2024

Encore relativement peu nombreux et rattachés souvent à plusieurs structures pour occuper un poste à temps plein, les enseignants en activité physique adapté ont un pied dans l’éducatif, l’autre dans le paramédical. Ils facilitent ainsi l'inclusion.

Jordy Jiberon « donne accès au sport à un public longtemps sédentaire ».

Au départ, il y a presque toujours une passion : celle du sport. La majorité des professionnels de l’activité physique adaptée ont d’ailleurs suivi un cursus en Sciences et techniques des activités physiques et sportives, avant de se spécialiser dans cet accompagnement de publics en situation de handicap, malades ou vieillissants. Puis très vite, survient souvent une rencontre avec des personnes en difficulté pour se mouvoir. Ainsi Jordy Jiberon, 30 ans, qualifie-t-il de « super surprise » ce qu’il a découvert pendant ses études en remplaçant un aide médico-psychologique. Il intervient aujourd’hui en tant qu’enseignant en activité physique adaptée (EAPA) dans deux foyers gérés par le Gapas (Nord-Pas-de-Calais). Avec le plaisir « de donner accès au sport à un public depuis longtemps sédentaire ».

En prévention secondaire

Les invitations à pratiquer une activité se multiplient en cas de problèmes de santé ou pour les éviter. En outre, ici et là, quelques effets de mode liés aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 se font sentir. Résultat ? Progressivement, les établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) ouvrent leurs portes aux EAPA même si « le réflexe d’en recruter n’est pas encore là », selon Jordy Jiberon.

Leur rôle ? « Intervenir dans la prévention secondaire », dit-il. Mais aussi contribuer à un travail sur les troubles du comportement, estime Fabien Pierrat, EAPA à l’institut médico-éducatif Saint-André de l’association Adèle de Glaubitz (Cernay, Haut-Rhin). Ces professionnels se voient d’ailleurs rattachés tantôt aux services paramédicaux, tantôt aux services éducatifs.

Ils se retrouvent souvent seuls à exercer leur métier dans leur structure. Mais tous coopèrent avec les autres membres des équipes. En témoigne Bénédicte Bergeot, 38 ans, EAPA à la maison d’accueil spécialisée du Val Jeanne Rose (Isère) : « Je ne pourrais pas faire des activités physiques sans le regard des kinés et ergothérapeutes au quotidien. »

« Il faut connaître ses limites, appuie Deborah Fuchs, EAPA au sein de deux hôpitaux pédiatriques parisiens, auprès d’enfants atteints de mucoviscidose. Ce n’est pas à moi, par exemple, de pratiquer la kiné respiratoire ! » Néanmoins, leur place dans les équipes s’avère précieuse, y compris, affirme Sonia Calestroupat, directrice adjointe du pôle Foyers 77 de la Fondation des Amis de l’Atelier, en ce qu’ils permettent, « une meilleure acceptation de la relation d’aide », particulièrement en cas de handicaps psychiques.

L’adaptabilité, un maître-mot

Au vu de la nature de leurs interventions directes, leur qualité première consiste à savoir s’adapter. « C’est beaucoup plus compliqué que d’enseigner à trente élèves, indique Fabien Pierrat. Nous devons bâtir une pédagogie différenciée, individuelle ; nous assurer que les consignes ont été bien comprises… » Il s’agit aussi de « ne pas s’accrocher à une séance-type », pointe Deborah Fuchs, pour souligner la nécessaire prise en compte de la forme physique et psychique du jour de la personne. Y compris lorsqu'elle ne peut s’exprimer oralement, précise Bénédicte Bergeot, qui recourt alors à une « faculté d’interprétation ». « J’ai appris la patience et l’empathie », confie Alexandra Fantozzi, EAPA à l’institut des aveugles de Still d’Adèle de Glaubitz, un temps éducatrice sportive en salle.

Le plaisir de la pratique sportive

« Nous cherchons des professionnels dotés d’une bonne capacité d’observation », revendique Géraldine Lombard, directrice d’un foyer d’accueil médicalisée et d’un foyer de vie au Gapas. Elle insiste aussi sur la nécessité de « s’autoriser à expérimenter ». Enfin, il convient de se montrer apte à développer des partenariats, avec des clubs sportifs en particulier, et de disposer d’un réseau dans ce secteur. Même si de rares personnes accompagnées s’adonnent à la compétition, le défaut rédhibitoire mentionné par tous serait un goût immodéré pour la performance. Tous le disent : leur but est d’amener chacun à un dépassement de soi, et en premier lieu au plaisir de la pratique sportive.

Sophie Massieu

Des prescriptions de l’APA élargies

La loi du 2 mars 2022 vise à démocratiser le sport en France. En découlent deux récents décrets d’application relatifs à l’APA. Celui du 30 mars 2023 élargit sa prescription aux personnes atteintes de maladies chroniques, ou présentant des facteurs de risque et aux personnes en pertes d’autonomie. Elles rejoignent celles en affection de longue durée. La liste des prescripteurs est elle aussi élargie et les kinésithérapeutes peuvent renouveler les ordonnances. Le texte du 17 juillet 2023, lui, concerne les référents pour l’APA dans les ESMS. Désignés par la direction, ils informent les personnes accompagnées sur les activités disponibles et peuvent leur proposer un plan d’accompagnement personnalisé en APA.

Publié dans le magazine Direction[s] N° 227 - février 2024






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