Si l’on a beaucoup parlé des violences dans le secteur de la santé, celles envers les directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) sont tout aussi réelles. « Nous avons été alertés de rapports compliqués avec les agents, dont une situation ayant conduit à des menaces de mort envers une directrice et de confrontations tendues avec des usagers et leurs représentants », témoigne Alexandre Gris, délégué national du Syndicat des manageurs publics de santé. Pour mesurer le phénomène, l’organisation a lancé une enquête flash à laquelle 10 % du corps avait répondu début avril. Des directeurs d’Ehpad pour moitié mais aussi du champ du handicap et de la protection de l’enfance, dans une moindre mesure.
Intensification
Premiers constats ? 206 situations de violences verbales et 17 d’ordre physique déjà remontées, à 53 % du fait d'usagers. « La violence physique est très présente dans les Ehpad et celle verbale dans la protection de l’enfance », décrypte Alexandre Gris. Autre enseignement, inquiétant : « Une accentuation de ces violences pour plusieurs raisons. Les difficultés financières tendent la situation avec les agents. Les directeurs font état aussi d’un sentiment d’impunité et de manque de respect depuis la crise Covid (non-respect des gestes barrières, par exemple) et les familles sont de plus en plus procédurières », poursuit Alexandre Gris.
Les managers trouvent du soutien auprès de leurs collaborateurs directs, moins auprès des tutelles. « 30 % des D3S ayant signalé les faits n’ont pas eu de retours...», illustre le délégué. Face à ces constats, le syndicat envisage d’alerter les pouvoirs publics lors de la publication des résultats définitifs, fin mai. « Les D3S sont isolés, ont le sentiment de ne pas être écoutés ni soutenus par les autorités. Ce qui les met en porte-à-faux lorsqu’ils doivent défendre des projets devant les équipes, regrette Alexandre Gris. L’amertume gagne le corps. »
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 230 - mai 2024