La lutte contre la radicalisation est loin d'être l'affaire des seuls services de l'État, confirme une instruction du 13 mai 2016 émanant du Premier ministre et qui s'inscrit dans le droit fil des consignes précédemment adressées aux agences régionales de santé (ARS). Le document sert de vecteur à la promotion du guide interministériel de prévention de la radicalisation, mis en ligne le 10 mai dernier sur le site du ministère de l'intérieur, au lendemain de la présentation du plan d'action gouvernemental contre la radicalisation et le terrorisme. Si les professionnels du secteur médico-social sont peu évoqués, il en va nettement différemment des missions locales, des services de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et des acteurs de la prévention spécialisée. Parmi les 36 fiches pratiques du guide, trois leur sont respectivement dédiées.
Mobilisation des missions locales
Accueillant environ 1,5 million de jeunes, les missions locales sont "des acteurs essentiels par le concours qu'elles peuvent apporter aux cellules départementales de suivi de la radicalisation", souligne Manuel Valls. Lequel annonce la conclusion prochaine d'une convention nationale, dont l'Union nationale des missions locales sera notamment signataire, précisant les contours dans lesquels les préfets et les services départementaux de l'État peuvent demander leur intervention.
La fiche 32 du guide interministériel détaille pour sa part les modalités de contribution des missions locales :
- à la détection et au signalement des cas de radicalisation parmi les jeunes qu'elles suivent ;
- au processus de sortie de la radicalisation et de réinsertion sociale des intéressés.
Prise en charge par la PJJ
Concernant le rôle de la PJJ, il faut se pencher sur la fiche 13 du guide interministériel. Laquelle précise, de manière synthétique :
- les différentes voies d'orientation vers le secteur concernant des mineurs repérés "en risque de radicalisation", dont ceux qui sont poursuivis pour association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste ou apologie du terrorisme ;
- les modes de prise en charge (individuelle ou collective) ;
- les actions mises en oeuvre, avec un focus particulier aux objectifs de la mission nationale de veille et d'information mise en place auprès de la directrice de la PJJ afin de soutenir les professionnels du secteur public et du secteur associatif habilité (SAH) ;
- les moyens humains mobilisés ;
- les sources de financement ;
- l'évaluation des prises en charge ;
- les éventuelles difficultés rencontrées.
Rôle des équipes de prévention spécialisée
A travers la fiche 31 qui leur est consacrée, les acteurs de la prévention spécialisée sont invités à s'impliquer dans les actions de "remobilisation" et de "resocialisation" des jeunes en risque de radicalisation. Le document reste toutefois assez sommaire sur les moyens à mobiliser. Tout juste est-il fait référence aux "nombreuses formations des éducateurs" qui sont en cours sur les questions de la radicalisation pour mieux faire face aux besoins sur les quartiers, mais aussi pour être éligibles aux crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance.
Sources : instruction du 13 mai 2016 et guide interministériel de prévention de la radicalisation
Sybilline Chassat-Philippe