La traditionnelle circulaire de campagne budgétaire 2016 du secteur « accueil, hébergement, insertion » (AHI) est sans surprise. Elle rappelle les principaux objectifs du gouvernement, en particulier, le développement de solutions pérennes visant à sortir de l’urgence et la poursuite du plan de réduction des nuitées hôtelières 2015-2017. En hausse de 10,7 %, l'enveloppe globale s'élève à 1,3 milliard d’euros. Ce qui reste néanmoins en dessous des crédits exécutés par le secteur en 2015 (1,5 milliard d'euros), pointe la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars). Même si des moyens complémentaires sont attendus prochainement pour l'accueil des migrants, « nous sommes toujours dans le cadre d'un budget insincère », déplore Florent Gueguen, son directeur général.
Maîtriser les flux migratoires
La hausse la plus importante concerne l'hébergement d’urgence (26 %). Un budget qui, selon l'administration, doit permettre de « faire face à des flux migratoires difficilement maîtrisables », de répondre aux besoins des familles avec enfants en bas âge et à l’augmentation de publics en situation administrative complexe (demandes de titre de séjour en cours, personnes déboutées du droit d'asile…). Cette priorité ne va pas dans le sens d'un renforcement de l'accompagnement social, regrette Florent Gueguen, pour qui « l'hébergement d'insertion ne profite pas de cet effort ». Les crédits consacrés aux centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) sont en effet quasiment stables (645 millions d’euros, soit + 1,3 %). Une légère augmentation qui doit financer la création de 1079 places au titre de la transformation de l'offre d'hébergement d'urgence.
Et les pensions de famille ?
L'enveloppe du logement accompagné s'accroît, quant à elle, de 18 % (+ 35 millions), principalement pour compenser la baisse du recours aux nuitées hôtelières et l’impact du dispositif européen de relocalisation. Une annonce positive pour Gilles Desrumaux, délégué général de l’union professionnelle Unafo. Il s'inquiète néanmoins de la baisse des objectifs quantitatifs de production des pensions de famille : « Aujourd’hui, la priorité des directions départementales reste l’hébergement d’urgence. Alors que l’investissement de l’État et des collectivités locales pour financer ces établissements est en baisse, seules 800 places ont été ouvertes en 2015 contre 1278 par an en moyenne depuis 2008. » Dans un manifeste, l’Unafo se mobilise en outre pour une relance des résidences sociales en Ile-de-France.
Instruction n° DGCS/SD5A/SD5C/SD1A/2016/156 du 19 mai 2016
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 144 - juillet 2016