La réforme de la tarification des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) « a engendré de nombreux déséquilibres […] entre les secteurs public et privé ». Dans un rapport parlementaire sur l’application de la loi d’adaptation de la société au vieillissement (ASV) [1], dévoilé le 5 décembre en présence de la ministre Agnès Buzyn, deux députées rappellent que la convergence tarifaire a entraîné une perte de 200 millions d’euros pour les structures publiques, avec de « lourdes conséquences sur le reste à charge et la qualité de l’encadrement ». Une situation qui conduit les Ehpad à augmenter les tarifs hébergement, à se déshabiliter de l’aide sociale ou encore à diminuer leurs effectifs.
Un mauvais procès
Face à ces observations, quatre pistes de réflexion. Parmi elles ? Appliquer un moratoire d’un an à la convergence des forfaits dépendance afin de définir des ajustements comme la différenciation du point GIR (groupe iso-ressources) selon le statut de l’établissement. Les parlementaires préconisent aussi de faire du département l’interlocuteur unique en matière de tarification. Le comité de suivi de la réforme, qui doit se réunir en janvier, devra identifier les difficultés persistantes. « Tout n’est pas une question financière », a insisté Agnès Buzyn, ajoutant que dans certaines structures, notamment publiques, « la capacité managériale n’était pas au rendez-vous ». Une petite phrase qui a mis le feu aux poudres. Dénonçant « un mauvais procès [et] un signal négatif et caricatural à l’égard de l’ensemble des cadres », le Syncass-CFDT a rappelé que le management dépendait aussi « du contexte et des moyens » et a demandé à rencontrer la ministre. Tout comme la Fédération hospitalière de France (FHF) avec la conférence des directeurs CNDEPAH. Six organisations syndicales, soutenues par l’association de directeurs AD-PA, ont déjà appelé à la grève le 30 janvier.
[1] Rapport d'information n° 438, consultable sur www.assemblee-nationale.fr
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 160 - janvier 2018