À peine lancée, la réforme budgétaire des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est l’objet de vives critiques. Deux syndicats de directeurs de structures publiques, le Syncass-CFDT et le CH-FO, s’alarment de la baisse des dotations allouées par les conseils départementaux. En cause ? Le nouveau forfait dépendance basé sur la valeur du point GIR (« groupe iso-ressources ») arrêtée par le département pour tous les Ehpad. « Les premiers retours de terrain sont inquiétants. Des collectivités fixent le point à 7,50 euros alors qu’il allait de 9 à 10,50 euros jusqu’à présent pour certaines structures, déplore Yvan Le Guen, permanent national D3S au Syncass. Conduisant à une baisse des dotations de 30 % sur les sept années de mise en œuvre de la convergence tarifaire. » La diminution est parti-culièrement marquée pour les opérateurs publics qui « historiquement, bénéficiaient de dotations un peu plus élevées car ils accueillaient des personnes en difficulté », poursuit-il. En outre, cette section dépendance finance à 90 % les dépenses de personnel, rappelle le CH-FO qui craint donc des réductions d’effectifs.
Logique commerciale
Pour compenser, des départements en viennent à suggérer aux structures de se déshabiliter partiellement à l’aide sociale afin d’augmenter leurs moyens. Ce qui risque de faire « entrer les établissements dans une logique commerciale aux conséquences fiscales et juridiques encore incertaines », alerte le Syncass. Et ainsi à « faire payer le désengagement des conseils départementaux par les usagers », note Yvan le Guen, soucieux de voir « s’installer une prise en charge à deux vitesses ».
Noémie Colomb
Publié dans le magazine Direction[s] N° 152 - avril 2017