Décidément, la gestion des revalorisations entérinées par le Ségur à l’été 2020 semble tourner au casse-tête. Notamment dans les Ehpad du privé non lucratif bénéficiaires, comme leurs homologues du public, d’un complément de traitement indiciaire (CTI) pour leurs personnels. « Enveloppes sous calibrées ne tenant pas compte des effectifs, opacité du mode de calcul du financement… À ce jour, les établissements ont reçu des dotations insuffisantes pour 2020, et sans garantie de complément malgré les engagements [de l’État], ont récemment rappelé les principales organisations du secteur. Et pour 2021, les enveloppes reçues ne couvrent en moyenne que 50 à 70 % du besoin. » Sans compter la revalorisation des soignants (tous secteurs confondus), négociée par la mission Laforcade [1]. « Au total, dans notre réseau nous estimons que 30 à 40 % du financement manquent, évalue Annabelle Vêques, directrice de la fédération de directeurs Fnadepa. Si certains gestionnaires parviennent à faire des avances de trésorerie en espérant qu’elles seront compensées, d’autres envisagent de suspendre le versement de la prime, en attendant une régularisation. » Des enquêtes lancées jusqu’à la fin septembre par l’administration auprès des structures devaient permettre d’objectiver ces différentiels, relaie l’union interfédérale Uniopss. Et d’espérer un rattrapage ?
Oubliés des départements
Et que dire de ceux dont la situation n’a toujours pas fait l’objet d’une reconnaissance ? « Il est urgent que les départements s’engagent à revaloriser en 2022 les salaires des professionnels des établissements et services sous leur autorité », enjoignent les représentants du secteur dans un courrier transmis début septembre aux nouveaux exécutifs locaux. Des personnels, dont la situation a été renvoyée à la tenue d’une conférence sociale attendue « d’ici à la fin de l’année ».
Tensions sociales à la chaîne
En attendant, sur le terrain, c’est l’inquiétude. « En particulier chez les gestionnaires de diverses activités financées par l’assurance maladie et le département, souligne Antoine Perrin, directeur général de la fédération patronale Fehap. Que diront-ils le 1er janvier à ceux qui, bien qu’assumant le même travail, ne seront pas tous revalorisés ? »« Tensions sociales, iniquité entre personnels, fatigue persistante des équipes… Toutes ces difficultés interviennent dans un contexte déjà compliqué pour les directions, confrontées à une pénurie de professionnels », rappelle Jérome Voiturier, directeur général de l’Uniopss. Laquelle réfléchit à engager, avec ses partenaires, une journée d’action en faveur de l’attractivité.
[1] Lire Direction[s] n° 198, p. 20
Gladys Lepasteur
Publié dans le magazine Direction[s] N° 201 - octobre 2021