Il aura fallu au secteur accueillant des personnes rencontrant des difficultés spécifiques faire preuve de patience. Le 31 octobre, soit le jour de clôture de la transmission des budgets prévisionnels 2024, ont été délivrées les modalités de la campagne budgétaire de... 2023. « Il y a fort à parier que les gestionnaires n'auront la notification qu'en décembre. Nous naviguons à vue sans aucune possibilité de pilotage ! », déplore Léonard Nzitunga, président de Santé & Habitat. Avec les autres têtes de réseaux, la fédération a écrit à la Première ministre pour l'alerter sur les impacts pour les structures : «Comment voulez-vous que les mesures nouvelles soient concrétisées en 2023 ? Le développement de l'offre se décale d'une année alors que les besoins sont exponentiels ! »
Manque de places
Pourtant, les nouvelles ne sont pas mauvaises. En 2023, l'objectif de dépenses augmente de 10 %. Pour tenir compte des « très fortes augmentations de charges » liées à l'inflation, l'administration a revu à la hausse le coût des places : 36 335 euros pour les appartements de coordination thérapeutique (ACT) avec hébergement, 13 860 euros pour ceux hors les murs, et respectivement 126,68 et 224,59 euros par jour pour les lits halte soins santé (LHSS) et d’accueil médicalisés (LAM). Une augmentation de 10 % en deçà des besoins, regrette la fédération, qui espère une lecture indulgente des comptes administratifs.
Surtout, « cette réévaluation ne s’appliquera qu’aux nouvelles places », poursuit Léonard
Nzitunga. À savoir : 83 pour les ACT avec hébergement, 258 pour les hors les murs, 70 pour les LHSS et de 22 pour les LAM. Insuffisant pour Léonard Nzitunga : « Notre bilan d'activité montre que 10 000 personnes n'ont pas pu être accueillies. C'est d'autant plus regrettable que la précédente Stratégie Pauvreté détaillait une programmation pluriannuelle pour notre secteur contrairement au Pacte des solidarités. Comment recruter des personnels sans visibilité et avec encore des oubliés du Ségur ? » Aussi, la fédération plaide pour que le projet de budget de la Sécurité sociale acte la remise d'un rapport objectivant ces besoins.
Quelles priorités ?
Côté priorités, l'administration appelle au développement de l'offre pour les personnes précaires atteintes d’une maladie chronique, de l'accompagnement des patients sortant de détention et du dispositif Un chez soi d’abord (création de quatre sites de 55 places). Dans le secteur de l'addictologie, une enveloppe de 2,88 millions d'euros doit permettre de conforter l’offre et l'intervention de référents en milieu pénitentiaire. Statut quo, en revanche, pour l'expérimentation des places de LHSS pédiatriques que les acteurs espèrent voir généraliser l'an prochain, après les résultats de l'évaluation.
Instruction n° DGCS/SD1B/SD5B/DGS/SP2/SP3/DSS/SD1A/2023/170 du 23 octobre 2023
Laura Taillandier
Publié dans le magazine Direction[s] N° 225 - décembre 2023