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Covid-19
La coordination, impératif de la gestion de crise

22/04/2020

Alors que l’urgence sanitaire aurait nécessité très tôt une réaction coordonnée des autorités locales, celle-ci a fait défaut sur certains territoires. Des rouages grippés entraînant une réponse disparate avec son lot d’inégalités, qu’il faudra de l’avis de tous huiler pour aborder l’après crise.

« Certaines ARS ont mis en place des cellules de crise et associent les fédérations, d’autres se contentent de passer les plats et les instructions », regrettait fin mars Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa.

Protection de l’enfance, aide à domicile, établissements pour personnes âgées… De l’avis des professionnels de ces secteurs, la gestion de l’épidémie de Coronavirus ne s’est pas accompagnée du dialogue nécessaire avec et entre les différentes autorités compétentes. « Certaines agences régionales de santé (ARS) ont mis en place des cellules de crise et associent les fédérations, d’autres se contentent de passer les plats et les instructions », regrettait fin mars Jean-Pierre Riso, le président de la Fnadepa. « Dans la majorité des départements, l’effet de sidération a généré un silence radio ! complétait la présidente de la Cnape, Fabienne Quiriau. Nous rencontrons également un gros problème de coordination avec l’ensemble des acteurs comme la Justice ou l’Éducation nationale. » Un constat partagé par l’assemblée des départements de France (ADF) : « Dans certaines régions, les échanges sont réguliers et fluides au sein de cellules tripartites (préfet, ARS, départemental), quand dans d’autres, nous avons une vraie difficulté à travailler ensemble. »

Un perdant : le social

Conséquence, loin d’être anodine, dans un contexte de gestion de la pénurie qui impose de faire des choix : une réponse variable selon les territoires dans l’accès aux équipements de protection individuelle (EPI). Mais aussi des lacunes dans la mutualisation des forces pour faire face à la multiplication des arrêts maladies et droits de retrait de professionnels. « Les ARS sont très focalisées sur les institutions de leur seul giron. C’est beaucoup plus difficile pour une structure qui dépend aussi du département, expose Jérôme Voiturier, directeur général de l’union nationale d’associations Uniopss. C’est logique de se tourner d’abord vers les opérateurs que l’on connaît bien. Mais cela met en lumière ce que l’on sait déjà : les différences culturelles et l’absence de connaissance mutuelle flagrante. Au début, certains acteurs nous ont même dit que c’était aux associations de se débrouiller pour se coordonner avec les autres acteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux ! »

Tirer les leçons pour l’après

À qui la faute ? « Les tensions liées au contexte sanitaire accentuent les problèmes existants d’articulation entre le sanitaire et le médico-social. Il y a aussi une réelle difficulté sur les personnels à mi-chemin entre le soin et le prendre soin. Les éducateurs d’une maison d’enfants ont également un rôle capital à jouer même si leur poste n’est pas financé par l’ARS. »

Une problématique qu’il ne faudra pas glisser à nouveau sous le tapis une fois la pandémie écartée. « Ce n’est pas en quelques semaines que cette fluidité deviendra réalité, mais cela fait partie des leçons à tirer pour l’après », souhaite ainsi Jérôme Voiturier. Comment ? Pour le président de la Fnadepa, la proposition de la présidente de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), Marie-Anne Montchamp, d’organiser des conférences territoriales pour l’autonomie réunissant l’ensemble des acteurs concernés revêt tout son sens. Quand le président de l’Uniopss plaide pour une cellule de coordination multisecteur pour concevoir une « politique globale » des parcours. Du côté de l’ADF, on souhaite « trouver des facilités de dialogue, favoriser les interactions productives et des circuits plus courts, chacun dans ses prérogatives ». En clair : trouver une autre manière de travailler pour être plus efficace et à l’écoute du terrain, « sans avoir à élever la voix pour être entendu… » Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), prévient déjà : « Le petit jeu de défaussement entre l’État et les départements devra cesser. La répartition des rôles est responsable du retard sur la politique du grand âge. Nous n’accepterons plus que ce soient les personnes qui en fassent les frais.»

Laura Taillandier

L’Occitanie, un exemple à suivre

Citée plusieurs fois en exemple par les acteurs du secteur pour sa gestion de la crise, l’ARS Occitanie souligne la nécessité du travail d’équipe. « Le contexte nous a obligés à installer des structures de coordination que nous souhaitions depuis longtemps », témoigne son directeur général, Pierre Ricordeau. Exemple ? « La mise en réseau de la filière gériatrique », avec des plateformes recueillant les ressources disponibles pour les Ehpad et des réunions régulières pilotées par les délégations départementales de l’ARS. « C’est désormais un acquis qui va nous permettre d’adapter notre action de manière plus agile. » Une coopération qui guide la politique de prévention de l’agence depuis l’amorce de la crise. « Nous avons agi avec l’ensemble des acteurs (libéraux ou non, sanitaire, médico-sociaux, collectivités) très tôt. Le lien avec les départements nous a permis d’être réactif en Ehpad, d’avoir une politique d’achat de masques coordonnée et d’identifier les besoins des services d’aide à domicile encore actifs », illustre-t-il. Une coopération qui devra se poursuivre certains publics. « Les communes et les départements nous aideront à accompagner les personnes fragiles en établissement comme à domicile pour notre plus grand défi : continuer à faire évoluer notre stratégie dans le temps en fonction de la situation après le 11 mai. »

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« Certaines ARS ont mis en place des cellules de crise et associent les fédérations, d’autres se contentent de passer les plats et les instructions », regrettait fin mars Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa.

« Certaines ARS ont mis en place des cellules de crise et associent les fédérations, d’autres se contentent de passer les plats et les instructions », regrettait fin mars Jean-Pierre Riso, président de la Fnadepa.






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