Je suis une simple gouttelette dans l’océan des personnels qui sont à pied d’œuvre en cette période de crise sanitaire sans précédent. J’éprouve le besoin de rédiger ces quelques lignes pour exprimer ce qu’est notre activité professionnelle, à nous, équipes socio-éducatives dans ce moment si particulier. En guise de conclusion, j’ose quelques injonctions exprimées avec le cœur mais aussi la rage qui est la mienne aujourd’hui.
« Nous prenons soins des personnes de façon inconditionnelle »
Notre éthique première est celle du soin, au sens large du terme. Nous prenons soin des personnes accompagnées : résidents, personnes vivant au domicile, personnes en souffrance psychique ou affective, jeunes, anciens, familles, aidants… Et tout ça de manière inconditionnelle. Tous les professionnels font un travail incroyable, dans un contexte de tension internationale unique et violent. Cette éthique du prendre soin est toujours activée dans le secteur médico-social et social ; aujourd’hui, nous sommes simplement un peu plus mis en lumière. J’ose espérer que demain, l’Etat saura reconnaître ces professionnels de l’ombre qui agissent auprès des invisibles de nos sociétés dites modernes, en déclarant notre action comme le socle du lien social, le commun de notre République.
L’autre ressort de l’action de notre secteur d’activité, c’est l’éthique de responsabilité si chère à Spinoza. Cette éthique-là recouvre les autres, elle vient chapeauter le tout en ne cédant pas à la terreur de l’information partisane, à la panique des français, à la peur de nos familles. Nous sommes responsables de nous et de nos actions, nous ne cédons pas à la dictature des choses binaires entendues ici où là dans des chaînes d’information continue. Il faut une belle dose de professionnalisme à toutes les équipes pour redresser la tête au-delà des torrents de boue, au-delà des fake news, au-delà des procédures qui pleuvent et inondent nos boîtes mails pour poursuivre notre activité.
« Laissez-nous travailler dans le calme »
La seule exigence qui est la mienne aujourd’hui c’est celle de nous laisser travailler dans la sérénité, dans le calme afin que nos énergies ne soient exclusivement consacrées aux personnes qui en ont besoin.
Je vous demande solennellement de rester chez vous, de faire du zèle dans le respect des consignes d’hygiène et de sécurité.
Je vous demande de ne pas émettre d’avis médical si vous n’y comprenez rien.
Je vous demande de foutre en l’air des règles administratives telles que la RGPD qui nous empêche de faire notre travail.
Je vous demande de ne pas polluer nos boîtes mails de procédures et autres tyrannies du reporting pour vérifier que nous travaillons.
Laissez-nous travailler, laissez notre professionnalisme s’exprimer afin que les personnes accompagnées ne ressentent pas la pression que vous nous mettez tous, derrière votre écran ou en télétravail.
Notre tranquillité est notre meilleure arme pour faire notre boulot correctement.
Renaud Marson Directeur adjoint du Centre Habitat Epis (Adesa06)