Quels premiers enseignements tirez-vous de la crise sanitaire ?
Marie-Anne Montchamp: Le conseil se réunit très régulièrement de manière dématérialisée pour suivre la situation. C’est d’autant plus important qu’il réunit, faut-il le rappeler, l’ensemble des acteurs qui font face à la crise. Notre conviction est qu’à l’image de la cinétique du virus, il nous faut mettre en œuvre une cinétique de l’action suffisamment affutée pour ne pas être distancés par l’épidémie. Et pour cela, il faut comprendre qu’aux côtés du front de l’urgence sanitaire, pilotée par le gouvernement avec une grande efficacité, il y a en a un autre où se mène également la guerre : celui du confinement domiciliaire. Le confinement subi par les personnes âgées ou handicapées chez elles ou en établissement n’a rien à voir avec celui du reste de la population, car elles ont besoin d’être aidées pour les actes essentiels de la vie quotidienne.
Comment doit alors se mener cette bataille ?
M.-A. M. Il faut rapidement organiser un front, dont le but doit être la prévention et le maintien de ces actes essentiels. Et pour y parvenir, les armes ne sont pas celles de l’hôpital : il ne s’agit là pas de trouver des lits ou des respirateurs, mais de faire en sortie que les personnes puissent se lever, manger, prendre leurs médicaments, ne tombent pas et que du lien social puisse être maintenu. L’organisation de ces « soldats » du confinement domiciliaire obéit donc à des règles différentes que celles d’une armée métier. Ils doivent d’abord avoir accès aux boucliers que sont les masques de protection pour continuer à être en bonne santé et ne pas craindre de contaminer les personnes accompagnées. Ils doivent aussi pouvoir eux aussi faire garder leurs enfants et circuler sans recevoir une amende à chaque contrôle. Et ce, au motif qu’ils ne seraient pas des personnels de santé ! Plus encore, ils ne doivent pas s’interdire de prendre des initiatives salutaires, dont ils doivent ensuite pouvoir référer à quelqu’un. Car leurs armes ce sont aussi celles de l’initiative personnelle, de l’intelligence de la situation, du courage et parfois même du glissement de tâches... C’est tout cela le front du domicile qu’il faut soutenir.
Qu’en est-il des établissements ?
M.-A. M. Là, aussi le besoin de protection y est évidemment massif, car une structure fermée sur elle-même peut vite fonctionner comme un cluster. Il est vrai que le circuit de distribution s’améliore après les dernières instructions ministérielles, mais le diable est dans les détails : ces consignes doivent être opératoires dans le plus fin de la vie de chaque quartier. Au-delà, il est important d’anticiper dès à présent la situation dans 8 jours, dans 15 jours. Et d’envisager quels seront demain les besoins en Ehpad et à domicile.
Propos recueillis par Gladys Lepasteur