La réintroduction des médicaments dans le forfait soins des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) deviendra-t-elle une arlésienne ? Prévue pour le 1er janvier 2011, la généralisation de l'expérimentation dans les structures sans pharmacie à usage intérieur (PUI) ou qui ne font pas partie d'un groupement de coopération sanitaire, semble, en effet, compromise.
Selon la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2009, le gouvernement devait remettre au Parlement, avant le 1er octobre dernier, un rapport d'évaluation de ces expérimentations (encore en cours). Il doit s'appuyer sur les travaux du comité national de suivi, copiloté par Pierre Naves, inspecteur général des affaires sociales (Igas), et Muriel Dahan, conseillère générale des établissements de santé (CGES). Lors de sa réunion du 15 septembre, le duo a présenté ses premières conclusions.
Obstacles à la généralisation
L'expérimentation aurait permis de pointer de nombreuses difficultés, en particulier, celle de calibrer la dotation soins nécessaire. Notamment du fait de la grande variabilité de la consommation des résidants, dans le temps et entre eux. Autre problème : les médicaments sont pris en charge, en partie, par les mutuelles. Les réintégrer dans le budget des Ehpad reviendrait à faire supporter une nouvelle charge à l'assurance maladie ! Vu les sommes en jeu, les délais de réintégration pourraient également provoquer des problèmes de trésorerie. Enfin, des effets pervers seraient à craindre, comme des refus d'admission de résidants dont la consommation serait trop importante aux vues de la dotation. Ou bien encore, si les Ehpad mettent en place une politique d'achat via une PUI, la disparition d'officines en zone rurale, et, par ricochet, la création ou le renforcement de déserts médicaux. Des questions qui vont donc bien au-delà de celle de la bonne gestion des traitements en établissement.
Travailler le volet qualitatif
Du coup, une solution alternative serait de travailler le volet qualitatif du dossier, autour du trio directeur/médecin prescripteur/pharmacien. « Nous allons proposer un amendement dans le cadre du PLFSS 2011 pour que l'expérimentation soit poursuivie et qu'une éventuelle réintégration des médicaments soit repoussée », précise Murielle Jamot, de la Fédération hospitalière de France.
Noémie Gilliotte
Publié dans le magazine Direction[s] N° 78 - novembre 2010